(Togo First) - L’agriculture représente plus de 40 % du PIB togolais, et occupe près de 65% de sa population active, pour une superficie cultivable évaluée à 3,6 millions d’hectares, soit 60% de la superficie globale du pays, dont 41% sont emblavés (1,4 millions d’hectares). Naturellement, le secteur prend une bonne place dans le récent Programme quinquennal du Togo (l’Axe 2 du Plan national de développement, PND, qui coure de 2018 à 2022).
Contraste saisissant cependant, bien que levier important de l’économie togolaise, ce secteur, exposé à des variations significatives d’une année à l’autre, est marqué globalement par un faible niveau de crédit ( 2% des crédits bancaires en 2019), et un faible niveau technique (25% des exploitations bénéficient d’un appui technique des structures d’encadrement, l’utilisation d’engrais concerne 16% de ces cultures, et 89% des superficies cultivées sont emblavées avec du matériel aratoire (houe, coupe-coupe)).
De plus, on note des rendements agricoles assez inégaux d’une région à l’autre : les plus bas étant comptabilisés dans la région des Savanes, une zone notamment exposée à la réduction du couvert forestier et à la pression foncière.
Pour ce qui est du sol, justement, le Togo possède des terres assez riches (dont la plupart servent à la culture du maïs). Les terres de la région des Plateaux sont réputées pour leur fertilité, alors qu’en contraste, la géomorphologie rocailleuse de la région de la Kara la rend plus difficile à exploiter.
Révolution verte
En 1975, le pays a lancé sa « révolution verte », depuis laquelle il s’attèle à maintenir son autosuffisance alimentaire (avec des succès assez soutenus ces dernières années). Dans cette lignée, le Togo a pu réduire la prévalence de la sous-alimentation de 16,5% en 2012 et de 11,4% en 2014, avec le Programme national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire (PNIASA), par la production excédents alimentaires et une amélioration des taux de couverture.
Aujourd’hui et demain…
A ce jour, le pays compte plusieurs programmes visant à améliorer sa production agricole : comme le Projet d’appui au développement de l’agriculture au Togo (PADAT), le Projet d’appui au secteur agricole (PASA, actif notamment dans l’élevage la couverture vaccinale des ruminants), le Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest-Togo (PPAAO), le Projet d’aménagement hydro-agricole de la basse vallée du fleuve Mono (PBVM), de développement de la production rizicole dans la région de la Kara (PDPR-K). Le projet d’agropole, est actuellement dans les clous dans la région de Kara.
A cet égard, les efforts de modernisation consentis par le gouvernement s’appuient sur des leviers comme : un meilleur accès au financement des paysans pour booster la production, la pratique de l’agroforesterie, l’intensification de la recherche agricole, la mécanisation, l’utilisation d’engrais, le développement des chaines de valeur agricoles, et l’émergence d’agro-entrepreneurs.
En témoignent des initiatives plus récentes comme le Projet d’Appui à l’Employabilité et à l’Insertion des Jeunes dans les Secteurs Porteurs (PAEIJ-SP), ou encore le Mécanisme incitatif de financement agricole (Mifa), lancé le 25 juin 2018, pour apporter des solutions aux acteurs des chaînes de valeur agricoles en facilitant l’accès aux crédits bancaires. En 2019, ce mécanisme a octroyé plus de 3,8 milliards FCFA de crédit aux acteurs du secteur agricole. Mais le secteur reste toujours peu soutenu par le secteur bancaire qui n’y consacre que 0,3% de son portefeuille de crédits chaque année. Pour le gouvernement togolais, l’objectif est de porter à 5% la part des crédits bancaires alloués au secteur à l’horizon 2027 et à réduire idéalement de 15% à 7,5% le taux d’intérêt pratiqué sur ces prêts. Ce taux devrait se stabiliser à 10,5%.
De même, en vue d’accompagner les agriculteurs les plus vulnérables, le gouvernement a mis en place une subvention annuelle comprise entre 1,5 et 2 milliards FCFA pour l’acquisition d’engrais. L’Etat a introduit AgriPME, un porte-monnaie électronique de l’agriculteur, qui compte à ce jour plus de 270 000 producteurs bénéficiaires, deux ans après sa mise en service. L'outil, qui s'appuie sur les nouvelles technologies, permet à ces derniers d'effectuer des transactions via sa plateforme AgriPME, et même au-delà.
Enfin, il ne faut bien évidemment pas oublier l’ambitieux Plan national de développement (PND 2018-2022), officiellement lancé en 2019, et qui mise fortement sur le boost de la production agricole et la transformation agro-industrielle.
Regard sur quelques produits de l’agriculture togolaise
Les cultures vivrières
Les cultures vivrières représentent 70% de l’ensemble de la production agricole togolaise. Plutôt destinées à la consommation locale et nationale, elles sont moins disponibles pour une commercialisation extérieure. Ces produits assurent cependant des revenus non négligeables et « sûrs » aux paysans, du fait de la demande permanente. Ce sont principalement les céréales et les tubercules. Les premiers, en moyenne, représentent 56% de l’approvisionnement calorique total des produits végétaux. Sur la période 2014-2017, le maïs seul représente 51% des céréales, suivi du riz (20%), du sorgho (17%) et du blé (9%). Quant aux tubercules, les plus consommés sont le manioc (61,8% des tubercules) et l’igname (37,8%).
Maïs
C’est la graine reine, cultivée par 1,5 millions de Togolais dans les quatre zones agroécologiques, et occupant plus de 700 000 hectares, soit 40% des superficies consacrées aux cultures vivrières. Sa production est en hausse soutenue depuis 1990, particulièrement dans le nord. Pour la campagne agricole 2018-2019, sa production s’élève à 886 630 tonnes.
Outre de servir à la consommation des ménages (ruraux comme urbains), c’est également un produit de rente, avec un revenu moyen net de 223 000 FCFA/ha, selon les dernières statistiques, ce qui en fait la principale source de revenu pour les exploitations agricoles, après les cultures de rente.
Le riz
Le gros du riz togolais est cultivé dans la région des Savanes. Sa production, plutôt coûteuse pour les paysans, est confrontée à la sérieuse concurrence du riz d’importation, essentiellement asiatique. Plus récemment, d’ambitieux projets ont été lancés pour booster la production rizicole, notamment dans la plaine de Djagblé. Sa production était de 145 000 tonnes en 2018.
Le sorgho et mil
Deuxième céréale en termes de volumes produits, le sorgho est très répandu dans la région de la Kara et des Savanes. Il est cultivé essentiellement pour la fabrication de la boisson (le " tchoukoutchou "). Sa production s’accompagne de celle du mil (également dans le Nord du pays), cette dernière est la céréale la moins répandue en termes de quantités annuelles. Leur production globale est de 303 000 tonnes en 2018.
Les tubercules (Igname et Manioc)
L’igname est surtout cultivée à Kpalimé et Bassar. Ce tubercule est consommé notamment sous forme de "Foufou", plat commun dans l’espace ouest africain. Sa production est en hausse soutenue ces cinq dernières années, passant de 78100 tonnes en 2015 à 859 000 tonnes en 2018.
Quant au manioc, dont la production oscille autour du million de tonnes ces cinq dernières années, il est exclusivement produit dans le Sud du pays (notamment Agoè, Tabligbo, Tsévié, Vogan, Aného). En plus de servir pour le « foufou », il est également transformé en « gari » (farine fermentée) ou en tapioca.
Légumineuses
Enfin, pour ce qui est des légumineuses, le Togo produit du voandzou, du haricot et de l’arachide (production oscillant autour de 40 000 tonnes annuelles, en diminution cependant, à cause de la fermeture de certaines usines de transformation d’arachide en huile). En 2018, la production de Haricot et Niébé était de 208 000 tonnes.
Les produits d’exportations
Ce sont essentiellement le coton, le café, le cacao, et l’huile de palme. Le karité, la cola, l’anacarde sont également des produits de rente, dont le développement s’est accru depuis la révolution verte.
Coton
Provenant essentiellement des Régions des Plateaux et Savanes, cette importante culture de rente a connu une progression spectaculaire en 2011, qui s’est maintenue depuis avec une légère augmentation en 2012. Cependant, en 2018, sa production était de 127 500 tonnes, selon les données de la Bceao (dont les exportations vers l’Europe ont rapporté plus de 11 millions $); pour la campagne 2019-2020, ses exportations sont attendues à plus de 150 000 tonnes.
Café & cacao
Tous deux introduits par l’occupant allemand à l’époque coloniale, ils contribuent à 1,2% au PIB national, et occupent environ 32 000 producteurs.
Le café se retrouve dans la région des Plateaux (Kpalimé, Atakpamé et Badou), sa production est en légère croissance depuis les années 1990 : 11 000 tonnes en 1998 et 17 000 tonnes en 2003. Les plantations de café couvrent plus de 40 000 hectares. Aux premiers trimestres 2017, 2018 et 2019, le café a représenté 1090 tonnes, 4883 tonnes, 3465 tonnes en production (et 476 tonnes, 2089 tonnes et 2379 tonnes en exportation).
Le cacao quant à lui est presque exclusivement produit à Kpalimé, Atakpamé et Badou. Ce qui a valu à ces trois villes le qualificatif de « triangle de café et de cacao ». Au début du siècle, sa production tournait autour de 8000 tonnes, pour une superficie de plus de 30 000 ha. En comparaison, aux premiers trimestres 2017, 2018 et 2019, le pays a produit respectivement, 1326 tonnes, 1660 tonnes, et 2258 tonnes de cacao (pour en exporter respectivement, 1058, 1278 et 4743 tonnes.
L’agriculture Bio
Premier exportateur vers l’Union européenne dans la zone Cedeao, pour une filière qui occupe environ 40 000 producteurs, le Togo est relativement actif dans le domaine du Bio, bien que ce dernier ne représente que 1% des terres agricoles au Togo. Le secteur est porté par un demande extérieure soutenue, notamment pour le soja.
Soja
Avec une production qui est passée de 24 000 tonnes à 35 000 tonnes sur les trois dernières années, la filière Soja emploie près de 300 000 personnes au Togo, pour une superficie d’environ 67 000 hectares, soit 38% de la superficie consacrée aux légumineuses.
Le pays a l’un des meilleurs rendements de la sous-région (3 t/ha), pour un chiffre d’affaires d’environ 6,8 milliards FCFA. La graine reste essentiellement un produit d’exportation, tiré par la forte demande mondiale en Bio. Cette année, le pays a lancé sa première campagne réglementée, avec une quantité attendue à la commercialisation de 78 000 tonnes.
Quelques autres cultures de rente
Outre ces produits de rentes, on peut notamment citer l’huile de palme (occupant environ 7000 ha, pour une production de 61 800 tonnes en 2017), et l’ananas (production de 3300 tonnes en 2018, assez modeste, en comparaison aux performances des pays de la sous-région, ses exportations ont rapporté 1,5 milliards FCFA cette année).