(Togo First) - En ligne avec son ambition de fournir le service universel de l’eau, le Togo qui, à la fin 2023, desservait près de 69 % de sa population, a ouvert plusieurs chantiers avec l’appui de ses partenaires bilatéraux. Allant de la construction et de la réhabilitation de points d'eau à l'extension des réseaux de distribution. Parallèlement, des solutions alternatives sont explorées, notamment la promotion des technologies de traitement de l'eau à domicile et l'exploitation des eaux souterraines profondes, afin de répondre de manière durable aux besoins de la population.
De fait, porté par diverses initiatives, le taux de desserte en eau potable a bondi, de 47,66 % en 2014 à 69 % en 2023. Avec des disparités selon que l’on est en milieu rural où l’accès à l’eau a progressé de 47,7 % à 74,4 % sur la même période, en milieu semi-urbain, où de 42,6 %, la desserte est passée à 55,9 % ou en zone urbaine où 69 % de la population bénéficient de l’accès à l’eau. Au titre des projets ou initiatives, le Projet d'amélioration des conditions sanitaires en milieu scolaire et rural (PASSCO3), financé à hauteur de 6,5 milliards de francs CFA par l'Agence Française de Développement (AFD), qui a permis la construction de 400 nouveaux forages dans les régions septentrionales du pays.
Un autre projet clé est le Programme de sécurité hydrique en milieu urbain (PaSH-MUT), lancé en octobre 2023, visant à installer six systèmes autonomes d'approvisionnement en eau potable dans les zones périphériques de Lomé. En complément, le « Programme Saoudien de puits de forage pour le développement rural », financé à hauteur de 2,9 milliards FCFA, prévoit la réalisation de 17 mini-adductions d'eau potable et de 15 postes d'eau autonomes dans les régions des Plateaux et la Centrale.
Dans la capitale, des travaux sont en cours pour améliorer la desserte en eau, avec l'équipement et le raccordement d'un forage à Apédokoe, ainsi que la construction d'un nouveau château d'eau à Sagbado, renforçant ainsi l'approvisionnement en eau dans la zone sud-ouest du Grand Lomé.
Pour garantir un accès à une eau saine à sa population, des efforts sont aussi faits dans le domaine de l’assainissement. Ainsi, plusieurs villes du pays sont désormais dotées de centres d’enfouissement technique, infrastructures essentielles dans la gestion des déchets. Celui d’Aképé, inscrit dans le cadre du Projet Environnement Urbain de Lomé (PEUL), est déjà opérationnel. Ces centres similaires ont été mis en place à Atakpamé et Sokodé, et sont en cours de réalisation dans d’autres communes, parmi lesquelles Tone 1, Kozah 1 et Zio 1, dans le cadre du Programme de renforcement des services publics locaux (PRSPL) dédié à l’assainissement et à la gestion des déchets
En parallèle, des centres de traitement d’eau ont été déployés à Iwolobo, dans la préfecture de l’Amou, ainsi qu’à Sokodé, dans la préfecture de Tchaoudjo, dans le cadre du Projet de gestion des déchets et de décentralisation (GEDEC). Ces infrastructures doivent permettre d’améliorer la qualité de l’eau distribuée aux populations locales et de réduire les risques sanitaires liés à sa pollution.
Le pays s’est également doté d’une station de traitement des boues de vidange (STBV) à Sokodé, tandis que deux autres ouvrages similaires sont prévus à Aképé et Djagblé, situées respectivement au nord-ouest et au nord-est de Lomé. Ces installations, inscrites dans le Plan directeur d’assainissement, visent à optimiser la gestion des déchets liquides et à limiter leur impact environnemental. En luttant contre la pollution des eaux et des sols, elles doivent contribuer à la prévention des maladies hydriques et au renforcement des infrastructures d’assainissement du Grand Lomé.
Des partenaires d’appui
Le Togo bénéficie d'un soutien de la part de partenaires internationaux dans son objectif d'améliorer l'accès à l'eau potable. Parmi eux, l'Agence Française de Développement (AFD) se distingue en finançant à hauteur de 6,5 milliards FCFA le projet PASSCO, qui a permis la construction de nouveaux points d’eau dans le pays. Le Fonds Koweïtien pour le Développement Économique Arabe (KFAED) a également investi 12 milliards FCFA dans l'approvisionnement en eau potable pour la ville de Kara, située à 414 km au nord de Lomé, un projet crucial pour améliorer les conditions de vie de la population locale.
Par ailleurs, le Fonds Saoudien de Développement soutient la politique d'infrastructures en eau potable du Togo à travers la 5ème phase du « Programme Saoudien de puits de forage pour le développement rural », avec un investissement de 2,9 milliards de FCFA. Ce programme permet la réalisation de 17 mini-adductions d'eau potable et de 15 postes d’eau autonomes équipés de systèmes solaires dans les régions des Plateaux et de la Centrale, contribuant ainsi à un meilleur accès à l'eau dans les zones rurales.
Le projet PaSH-MUT, financé par la Banque mondiale à hauteur de 62 milliards de FCFA, vise à améliorer la sécurité hydrique en milieu urbain, notamment dans le Grand Lomé. À terme, ce programme bénéficiera à 950 000 personnes, avec la promesse d'une amélioration des services pour les clients de la Togolaise Des Eaux (TDE) et de 200 000 nouveaux raccordements. En outre, une usine de traitement des boues de vidange et des services renforcés de collecte et de transport des boues toucheront environ 600 000 habitants à la fin du projet.
Ces efforts sont soutenus par de nombreuses ONG et institutions internationales comme la Banque mondiale, la BOAD et la BAD, qui apportent leur appui financier aux différents projets en cours, contribuant ainsi à l’amélioration de l'accès à l'eau potable sur l’ensemble du territoire.
Sur le volet assainissement, l'Union européenne finance le Projet de gestion des déchets et décentralisation (GEDEC) qui, à hauteur de plus de 3 milliards FCFA. Pour sa part, l’AFD a investi 12 milliards FCFA dans la construction du Centre d’Enfouissement Technique (CET).
Des défis à relever
En dépit de la mise en route ou de la réalisation de tous ces chantiers, l’accès à une eau potable de qualité pour tous reste un défi à relever. Dans les zones rurales, où vit une grande partie de la population, l’approvisionnement en eau repose encore largement sur les forages, les puits et les rivières, souvent exposés à la pollution et aux périodes de sécheresse. Le manque d’entretien et de suivi des installations existantes aggrave la situation, laissant de nombreuses communautés sans accès régulier à une eau propre. Les infrastructures mises en place, restent insuffisantes face à une demande croissante.
Dans les villes, la distribution d’eau potable est plus structurée mais rencontre aussi des obstacles. La Société Togolaise des Eaux (TdE) peine à couvrir l’ensemble des besoins en raison de la vétusté des réseaux, du coût élevé des raccordements et des pertes liées aux fuites. L’urbanisation rapide accentue la pression sur les infrastructures existantes, rendant parfois l’accès inégal selon les quartiers.
Un autre défi important est la qualité de l’eau. Même lorsque l’eau est disponible, elle n’est pas toujours propre à la consommation. La pollution des nappes phréatiques par les pesticides, les engrais et les déchets industriels constitue un risque sanitaire majeur. Une situation exacerbée par les installations en nombre record de forages ou puits privés, dont l’encadrement aux fins de leur mise aux normes, constitue un défi pour les autorités togolaises. Ce qui a conduit à la mise en place en janvier 2024 de la Police des eaux. L’entité s'assure du respect du code de l’eau en vigueur dans le pays et mène des enquêtes pour vérifier la conformité des travaux de construction des puits, forages et de tout autre ouvrage ou installation de captage ou de prélèvement d’eaux, ou encore de rejet d’effluents.
Dans certaines localités, l’absence de systèmes d’assainissement adéquats entraîne une contamination de l’eau par des bactéries et des virus, favorisant ainsi la propagation de maladies hydriques comme la diarrhée, le choléra ou la typhoïde.
Les questions de gouvernance et de financement de projet posent également problème. Les investissements dans le secteur de l’eau nécessitent des moyens considérables, souvent limités par les contraintes budgétaires de l’État et la dépendance aux financements extérieurs, et autres.