(Togo First) - Au Togo, la campagne cotonnière, enjeu important pour l'économie rurale, semble avoir franchi un cap décisif avec les récentes négociations entre les cotonculteurs, le groupe Olam et les autorités togolaises. Après une saison 2023/2024 marquée par des tensions et une production en demi-teinte depuis l'arrivée du Singapourien, un vent d'optimisme devrait désormais souffler sur la filière.
Selon les informations de Togo First, durant deux jours, les 11 et 12 juin, la salle de conférence du ministère de l'Agriculture à Lomé a accueilli les principaux acteurs de la filière cotonnière pour dessiner les contours de la prochaine saison agricole. Le ministre de l'Agriculture, de l'Élevage et du Développement rural, Antoine Gbegbeni, accompagné de représentants de la Nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT) et de la Fédération nationale des groupements de producteurs de coton du Togo (FNGPC), a supervisé ces discussions.
Le cœur des débats a porté sur la fixation du prix d'achat du coton graine à 300 F CFA pour le 1er choix et à 280 F CFA pour le 2nd choix, une mesure visant à garantir une meilleure rémunération pour les agriculteurs. De plus, l'annonce de la cession des engrais NPKSB et Urée à des prix subventionnés (14 000 F CFA le sac de 50 kilogrammes) semble être une réponse directe aux doléances exprimées par les producteurs, concernant les coûts des intrants.
Une autre avancée notable est la création d'un comité tripartite, incluant des représentants de la FNGPC, de la NSCT et de l'État. Ce comité aura pour mission d'examiner toutes les questions stratégiques pour la filière.
Cette série de décisions marque une rupture avec le climat de méfiance précédemment rapporté entre les cotonculteurs et Olam. Il semble que l'entreprise singapourienne, qui détient la majorité de la NSCT depuis 2020, ait pris acte des critiques concernant la gestion de la filière. Les accusations de rendements stagnants et de retards dans la distribution des intrants essentiels avaient alimenté une forte animosité à l'égard d'Olam.
"Nous avons observé Olam pendant plus de trois ans, et actuellement, cela ne nous met pas en confiance d'être avec eux pour avancer", avait fustigé Koussouwè Kouroufei, président de la Fédération nationale des groupements de producteurs de coton (FNGPC), qui regroupe aujourd'hui 5 unions régionales pour 27 unions préfectorales avec 3075 groupements de producteurs, totalisant 153 000 cotonculteurs.
Si le ministre a salué l'esprit de collaboration qui a marqué les récentes discussions et a encouragé les cotonculteurs à redoubler d'efforts pour optimiser les résultats de la prochaine campagne, les réactions des cotonculteurs dans les prochains jours sont fortement attendues. Depuis sa prise de contrôle de la filière en 2020 avec l'ambition de doubler la production, Olam a eu du mal à réaliser ses objectifs.
Ce n'est que cette année que l'entreprise asiatique a enregistré une première hausse de production après des performances en deçà des attentes. Plusieurs facteurs expliquent cette stagnation. Si la gestion par Olam est souvent pointée du doigt par les cotonculteurs, d'autres éléments, tels que les changements climatiques et le désintérêt croissant pour la culture du coton, au profit d'autres cultures comme le soja, contribuent également à la réduction des rendements et à la baisse continue de la production.