Togo : pourquoi les banques togolaises thésaurisent l'argent

Banque
lundi, 07 avril 2025 09:47
Togo : pourquoi les banques togolaises thésaurisent l'argent

(Togo First) - Dans un contexte régional marqué par une tension monétaire silencieuse, les banques togolaises affichent une posture de prudence. Selon les dernières données de la BCEAO arrêtées à février 2025, les établissements financiers du pays ont constitué 164,9 milliards FCFA de réserves bancaires, alors que le niveau requis par la réglementation n’est que de 66,7 milliards FCFA.

Autrement dit, les banques togolaises détiennent près de 2,5 fois les réserves exigées par l’autorité monétaire – un ratio de 2,47, parmi les plus élevés de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Ce niveau d’excédent, qui s’élève à 98,2 milliards FCFA, s’inscrit dans un mouvement caractérisé par plus d'accumulation de liquidités, observé à l’échelle de la région.

À titre de comparaison, la Côte d’Ivoire, avec un système bancaire beaucoup plus établi, affiche un multiplicateur de 3,46 fois, tandis que le Bénin atteint 1,82 fois et le Niger – seul pays en déficit – enregistre un ratio de 0,94.

Cette stratégie défensive ne résulte pas d’un excès de confiance, mais bien d’une anticipation d’un environnement plus contraint. Depuis le retour aux adjudications à taux variables décidé par la BCEAO en février 2023, l’accès à la liquidité est devenu moins fluide, et plus coûteux. Même si le principal taux directeur reste officiellement à 3,5 %, les banques se financent à un taux plafond de 5,5 % auprès de la Banque centrale, tandis que le taux interbancaire à une semaine dépasse 6 %.

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Préserver ses marges, sécuriser son bilan

Face à ces signaux de resserrement monétaire implicite, les banques préfèrent constituer en excédents leurs réserves, plutôt que de s’exposer à des tensions de refinancement. Cette dynamique est également alimentée par une exigence prudentielle plus stricte : depuis décembre 2023, le capital social minimum exigé pour les banques dans l’UEMOA a été doublé, passant de 10 à 20 milliards FCFA. En renforçant leurs fonds propres, les établissements cherchent à consolider leur solidité dans un environnement incertain.

Une liquidité thésaurisée, mais pas immobile

Cette prudence n’empêche pas les banques togolaises de continuer à financer l’économie, mais avec discernement. En 2024, les nouveaux crédits bancaires ont progressé de 10 %, pour s'établir à 645 milliards FCFA, selon les données du Comité national de crédit. Cette hausse s’inscrit dans un contexte économique porteur : la croissance du PIB réel est estimée à 5,3 %, portée par la vitalité des secteurs secondaire et tertiaire, et la résilience du secteur agricole.

Dans les faits, les établissements bancaires privilégient une croissance encadrée de leurs encours, afin de préserver la qualité de leur portefeuille plutôt que d’augmenter leur exposition dans un cycle encore incertain.

Fiacre E. Kakpo

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