Six questions à José Kwassi Syménouh, Patron de La Protectrice Assurances

Finance
jeudi, 11 avril 2019 12:31
Six questions à José Kwassi Syménouh, Patron de La Protectrice Assurances

(Togo First) - Porté au pinacle en mars dernier, lors du gala des 100 entreprises les plus dynamiques au Togo en 2018, dans la catégorie Assurance, le courtier d’assurances Protectrice Assurances revient de loin. Deux ans après sa relance, dont José Kwassi Syménouh, passé notamment auparavant par NSIA Assurances et C2A, GTA-C2A-IARDT, est le principal artisan, le courtier togolais a définitivement viré au vert, se faisant même une place dans la cour des grandes entreprises du Togo.

Togo First est allé à la rencontre de l’ex-président de l’Association des grandes entreprises du Togo (AGET), passé de l’assurance au courtage, une nouvelle vie qui lui réussit à merveille. Interview !

Togo First : La Protectrice a été récemment désignée entreprise la plus dynamique du secteur des assurances au Togo, seulement deux ans après sa relance dont vous êtes le principal artisan. Quelle a été la recette et que symbolise ce sacre pour la société de conseil et d’ingénierie d’assurances ?

José Kwassi Syménouh (JK) : La recette est simple, c’est l’abnégation au travail avec une équipe constituée de collaborateurs experts et compétents, toujours prêts à gagner. L’art de la réussite comme l’écrivait un auteur, est « de savoir s’entourer des meilleurs collaborateurs ».

La distinction que nous avons donc reçue symbolise pour nous le succès de toute une équipe. Nous nous sommes fixés très tôt des objectifs pour les atteindre. Aussi, la leçon que l’on peut tirer de tout ceci, est que, de loin, tous les actes qui sont posés sont suivis et observés par l’extérieur. Nous ne savions pas qu’Ecofinances nous observait et nous pressentirait parmi les 100 entreprises dynamiques du Togo avant de faire sa sélection pour arriver à 10 lauréats. Nous sommes donc très flattés et heureux de notre position.

Togo First : Parlons de vos visées africaines.  Vous envisagez d’étoffer votre réseau à travers les marchés de la CIMA d’ici 2025. Où en êtes-vous?

JK : La Protectrice Assurances, comme nous l’avions annoncé il y a 2 ans, dès que nous en avions pris le contrôle, a une ambition panafricaine. Au Togo, Protectrice Assurances est le 2ème grand courtier du marché des assurances, et surtout le premier courtier africain et panafricain, se positionnant dernière une multinationale étrangère présente en Afrique depuis plusieurs décennies. Elle est aujourd’hui la mère de Protectrice Bénin qui a démarré ses activités en 2018 et Protectrice Burkina qui vient juste d’être agréée et qui démarrera ses activités début juin. L’objectif, il faut le rappeler, est de couvrir à l’horizon 2025, 14 pays de la zone CIMA.

Comme vous le constatez, à la date d’aujourd’hui, nous sommes déjà à 3 pays ; nous avons mis en place une stratégie de développement. L’année 2019 est l’année de la consolidation. Pas de création de structures nouvelles, mais nous apprêtons des dossiers pour réouvrir le chantier en 2020 avec les demandes d’agrément dans 3 pays dont nous taisons les noms pour l’instant.

Aussi, nous ne manquerons pas de saisir, dès que nous en aurions l’occasion, des opportunités de rachat de structures déjà existantes, ou d’éventuels rapprochements avec d’autres cabinets, avec le maintien de notre identité « La Protectrice Assurances » à laquelle nous tenons.

Togo First : Passé notamment par C2A Assurances, GTA-C2A-IARDT et NSIA Assurances, rien que des assureurs de premiers plans au Togo, vous êtes un fin connaisseur du secteur. Du haut de cette expérience sur le marché local, le niveau de vie des Togolais joue-t-il en faveur ou en défaveur de l’émergence d’un secteur des assurances fort ?

JK : Merci d’abord de la perception favorable que vous avez de moi sur le plan professionnel. Ensuite, pour répondre à votre question, le niveau de vie des Togolais ne devrait pas jouer en défaveur du développement du secteur des assurances.

La pauvreté devrait être plutôt une bonne raison pour s’acheter une sécurité, ou se protéger. Comme nous le répétons souvent, le pauvre a plus besoin d’assurance que le riche car ce dernier peut à tout moment se prendre en charge ou réparer le dommage causé aux tiers tandis que le pauvre sera davantage pauvre, s’il venait à subir un mauvais sort. En notre sens, l’émergence et le développement d’un secteur fort dépend essentiellement des Assureurs eux-mêmes.

Les assureurs doivent créer des produits adaptés aux besoins de cette population pauvre, il s’agira de la micro assurance par la vente des micro-produits simples, et à moindre coût, destinés aux particuliers tant du secteur formel, qu’informel. La loi du grand nombre jouant, les ressources collectées seront à un niveau tel que le secteur ne pourrait qu’être renforcé. Par ce biais, l’assureur jouera pleinement le rôle socio-économique qui est le sien. 

Togo First : Justement, en partenariat avec la société d’assurances GTA C2A-IARDT, vous avez d’ailleurs lancé en décembre 2018 le produit « Protect Assur » au coût de 5000 FCFA par personne. Un produit qui consiste à voler au secours des victimes d’accidents de circulation abandonnées faute de moyens pour se soigner. Un pas important dans la couverture au Togo. Des mois après, comment se comporte le marché vis-à-vis de ce produit?

JK : Le marché réagit très bien après le lancement de ce produit. Il s’agissait en réalité d’un besoin ressenti par la population. L’ayant identifié, nous avons pris l’initiative donc de faire cette opération avec GTAC2A IARDT. Les résultats à ce jour, montrent à suffisance que nous ne nous sommes pas trompés. Il y a un engouement pour la souscription de ce produit. Pour des raisons stratégiques, nous préférons nous abstenir pour l’instant de vous communiquer des chiffres.

Togo First : Au Togo, la culture des assurances est encore loin des mœurs des populations. A La Protectrice, existe-t-il des actions concrètes menées pour éduquer les populations ?

JK : Bien sûr ! La Protectrice a pris sur elle, depuis que nous en avons repris le contrôle, de faire de l’éducation et de la formation pour inciter les consommateurs à avoir le réflexe de l’assurance, et ce, par la communication qui passe par plusieurs canaux à savoir les médias, (radio, télé, presse) pour expliquer à la population l’importance de l’assurance. C’est ce que nous avons fait au cours du lancement du produit PROTECT’ASSUR.

Aussi, nous avons créé aujourd’hui un magazine qui est un trimestriel d’information, pour former et éduquer la population sur la nécessité de l’assurance, et leur donner une explication claire sur les différents produits d’assurances. Le premier numéro est déjà paru avec un article (jugé provocateur par certains) intitulé « Comment éviter les pièges des Assureurs ? »

Nous avons également à très court terme, un projet de formation avec les experts en communication et médias. Pour plus d’audience et d’efficacité, nous comptons le faire dans le cadre plus large de notre Fédération Togolaise des Assureurs Conseil (FETAC) anciennement APAC – TOGO que j’ai le privilège de présider depuis septembre 2017. 

Togo First : Quels sont aujourd’hui les obstacles au développement du secteur ?

JK : Les freins au développement du secteur sont de plusieurs ordres et tiennent aux assurés eux-mêmes, aux assureurs, et à l’Etat.

Les freins concernant les assurés eux-mêmes sont notamment l’absence de réflexe d’assurance, et parfois un refus même de s’assurer pour des raisons religieuses ou sociologiques (s’assurer, c’est appeler le malheur soi-même).

Les freins du côté de l’assureur sont le manque et l’insuffisance de communication à l’endroit des consommateurs d’assurances, le manque d’innovation et de création de produits adaptés au besoin de la clientèle, et enfin la lenteur et la résistance dans le règlement du sinistre, décourageant ainsi les assurés.

Les freins du côté de l’Etat quant à eux, sont, entre autres, l’absence ou l’insuffisance du contrôle de l’effectivité des assurances obligatoires, une fiscalité parfois pesante sur certains produits d’assurances, enfin une insuffisance de création de mesures incitatives pour l’investissement (plus il y a des investissements, plus il y a un besoin de les sécuriser).

En définitive, le secteur ne se développera davantage que lorsque chaque partie aura joué sa partition.

Nous, en tant que conseil, jouons déjà la nôtre en essayant de communiquer suffisamment avec les assurés, que nous représentons et que nous assistons gratuitement depuis la souscription de leurs polices d’assurances jusqu’au règlement de leurs sinistres. Et tout cela, quoiqu’on dise, nous ne le faisons pas seulement pour nous, mais également pour redorer l’image de l’Assureur toujours considéré à ce jour comme « un voleur ». En mon sens, le développement significatif du marché des assurances au Togo est donc à ce prix.

Interview réalisée par Fiacre E. Kakpo

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