(Togo First) - Vendredi, Standard & Poor’s, l’agence de notation financière américaine, a attribué au Togo ses toutes premières notes de crédit souveraines à long et à court terme en devises étrangères et en monnaie locale. Le Togo est ainsi crédité des cotes « B/B », avec perspectives stables. Des notations « limitées par les risques sociopolitiques, le faible revenu par habitant du Togo, ses besoins extérieurs et budgétaires importants et ses antécédents d'endettement en augmentation rapide. », a précisé l’agence.
« Nous prévoyons que l'activité économique bénéficiera de la récente modernisation d'infrastructures clés, comme l'achèvement de vastes travaux au port de Lomé, qui est actuellement le seul port en eau profonde d'Afrique de l'Ouest, et l'ouverture du nouveau terminal de l'aéroport Gnassingbé-Eyadema en 2016», a déclaré S&P pour soutenir son évaluation.
Selon l’agence de notation, le port de Lomé est une plaque tournante importante pour les pays enclavés voisins et l’économie togolaise devrait bénéficier de la demande de ses principaux partenaires commerciaux, pour lesquels S&P prévoit «actuellement » une activité relativement forte.
Inquiétudes sur les prévisions du PND
Si S&P salue le lancement du PND et des récentes réformes, il émet toutefois des doutes sur certaines prévisions du programme quinquennal, en raison des risques sociopolitiques et d’autres facteurs.
« Les risques politiques et sociaux à moyen et long terme sont importants à notre avis et pourraient décourager les investisseurs privés ... nous prévoyons une croissance moyenne du PIB réel d'environ 5 % entre 2019 et 2022. », souligne l’évaluateur qui pense que des efforts restent à fournir dans les secteurs de l'électricité, des télécommunications, et même des infrastructures.
Toutefois, S&P loue les efforts consentis par les autorités avec la mise en œuvre des réformes économiques, « ce qui a conduit le rapport Doing Business de la Banque mondiale de 2019 à classer le Togo au premier rang des pays réformateurs en Afrique pour la création d'entreprises, les permis de construire, la connexion électrique, le paiement des taxes, le transfert de propriété et l'exécution des contrats ».
« Cet élan se poursuivra graduellement au cours des prochaines années », assure le New-Yorkais.
S&P prêt à améliorer les notes
S&P qui trouve l’économie togolaise, fortement dépendante de l’agriculture et du secteur extractif, ne ferme toutefois pas la porte à une amélioration de la note rangée dans la catégorie « très spéculative ».
« Nous pourrions relever les notes si la croissance économique du Togo devenait nettement plus forte que prévu et si les déficits extérieurs et budgétaires et la dette publique nette en pourcentage du PIB diminuaient sensiblement. » Il serait également prêt à la dégrader si les réformes économiques et fiscales ralentissaient.
Rappelons que le Togo avait émis en fin d’année dernière, l’intention de faire recours au marché international pour mobiliser près de 8% de son PIB. Le Pays a par la suite obtenu le quitus du FMI avec lequel il est sous programme. Cette notation qui le place dans la même catégorie que la plupart de ses voisins d’Afrique subsaharienne comme le Bénin qui a, en début, réussi à mobiliser 500 millions d’euros sur le marché financier international avec des conditions plus favorables que celles du marché intérieur.