Sandra Johnson détaille le plan de soutien au secteur privé

Gouvernance économique
mercredi, 06 mai 2020 11:49
Sandra Johnson détaille le plan de soutien au secteur privé

(Togo First) - Surpris comme le monde entier par la pandémie du Covid-19 et les retombées multiformes qui en découlent alors que ses perspectives macroéconomiques étaient des plus optimistes, le Togo réfléchit à « un Plan Marshall » pour relancer son économie post-crise. Le pays qui repose majoritairement la réussite de son Plan National de Développement (PND 2018-2022) sur l’apport du Secteur privé veut s’apprêter au mieux pour rebondir, une fois l’orage passé. Dans un entretien accordé au site d’informations linterview.info, la ministre -Conseillère du Président de la République en charge du climat des Affaires, Sandra Ablamba Johnson fait le point sur l’environnement des affaires au Togo, les différentes mesures d’accompagnement prises par le gouvernement et les perspectives. Lecture.

 

Comment se porte le climat des affaires au Togo depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19 ?

Sandra Ablamba Johnson : L’environnement des affaires au Togo est en nette amélioration, en témoignent les réformes opérées ces derniers mois par notre pays, largement diffusées, avec en toile de fond une communication permanente avec les professionnels des médias sur leurs contours et leurs avantages.

Certes, la pandémie actuelle fait craindre un impact négatif sur le secteur privé, cependant le gouvernement travaille activement en vue de soutenir, autant que faire se peut, le secteur pour une reprise rapide de l’activité économique.

Cependant, le Togo, à l’instar d’autres pays du monde, connaît la pandémie du Covid-19. En réponse à cette pandémie sans précédent, le Gouvernement, sous l’autorité du Président de la République, Son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé, a pris des mesures exceptionnelles de riposte, notamment l’instauration de l’état d’urgence sanitaire et d’un couvre-feu de 20 heures à 6 heures, circonscrit plus particulièrement dans le Grand Lomé, avec des extensions au fur et à mesure que de nouveaux foyers de contamination se déclarent.

Au niveau des services publics, il est instauré une journée de travail continue de 9 h à 16 h, durant toute la période de l’état d’urgence et du couvre-feu. Ce qui n’empêche en rien la sollicitation des services de l’administration publique. La digitalisation de l’économie, enclenchée par le gouvernement, porteuse de valeurs et créatrice d’emplois et de richesse, vient à point nommé pour répondre aux mesures de distanciation sociale instaurées, en vue de lutter contre le Covid-19.

Ainsi, dans le cadre des réformes économiques et structurelles, le segment « digitalisation des procédures administratives » est déjà effectif au niveau d’une dizaine de structures clés en contact permanent avec les opérateurs économiques. Nous pouvons citer entre autres le Guichet Unique du commerce Extérieur (GUCE), le Centre de formalités des Entreprises (CFE), le Tribunal de Commerce, le Guichet Foncier Unique, la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), la Compagnie d’Energie Electrique du Togo (CEET), l’administration fiscale (OTR), le port via le système douanier automatisé et la Société Togolaise des Eaux (TDE).

Ces administrations encouragent vivement les opérateurs économiques à privilégier le numérique pour solliciter des services, limitant du coup les déplacements.

Certes, la pandémie actuelle fait craindre un impact négatif sur le secteur privé, cependant le gouvernement travaille activement en vue de soutenir, autant que faire se peut, le secteur pour une reprise rapide de l’activité économique.

 

Que fait l’Etat pour soulager le secteur privé dans cette période de soudure ?

Sandra Ablamba Johnson :  Le gouvernement a pris une batterie de mesures fiscales et douanières pour accompagner les opérateurs économiques dans le cadre de la lutte contre la pandémie du coronavirus. Durement affectées, les activités d’hôtellerie et de restauration ne subiront qu’un taux d’imposition de 10 %. La deuxième mesure suspend les contrôles fiscaux en cours en entreprises et les limite aux entreprises citoyennes.

Durement affectées, les activités d’hôtellerie et de restauration ne subiront qu’un taux d’imposition de 10 %.

L’allègement de la charge fiscale pour les entreprises passera également par la suspension des pénalités de retard pour les impôts qui arrivent à échéance au cours du deuxième trimestre et la revue des pénalités au profit des entreprises qui ont subi des contrôles fiscaux. Un accompagnement sera proposé aux entreprises individuelles qui se sont retrouvées dans l’impossibilité de déposer leurs états financiers dans les délais prévus au 31 mars 2020 et aux entreprises sociétaires qui n’ont pas pu exécuter cette obligation fiscale au 30 avril.

Le gouvernement, via l’Office Togolais des Recettes (OTR), procédera à un allègement des actions en recouvrement en général et en particulier, envers les PME/PMI. Cet allègement fiscal va s’effectuer à travers l’octroi des plans de règlement échelonné à la demande et une flexibilité dans la gestion des restes à recouvrer auprès des contribuables en général et plus particulièrement auprès des PME/PMI.

A la CNSS, ces mesures vont de la suspension des calculs de majorations de retard aux remises exceptionnelles de majoration de retard sur les arriérés suivant des modalités.

La première mesure exceptionnelle suspend le calcul des majorations de retard sur le paiement des cotisations sociales des mois d’avril à juillet pour les employeurs. La deuxième stipule que toutes les entreprises qui s’engageront à payer leur cotisation sociale jusqu’au 31 octobre 2020, bénéficieront de la réduction de la majoration de retard comme suit : 100 % pour le secteur informel, 75 % pour les PME/PMI et 50 % pour les grandes entreprises, hormis l’hôtellerie, les restaurants, les débits de boissons, les établissements scolaires, établissements hospitaliers et les pharmacies.

 

Comment appréhendez-vous l’après-Covid-19 dans le monde des affaires au Togo ?

Sandra Ablamba Johnson : : Cette pandémie aura des conséquences à l’échelle mondiale qu’il est pour le moment impossible d’évaluer et par conséquent, un impact négatif sur l’économie locale. Ainsi, face à la conjoncture liée à la pandémie du coronavirus, l’on assiste déjà à la baisse de plus de 3 points de pourcentage taux de croissance du PIB pour une prévision initiale de 5,3 % en 2020. Les PME/PMI ont été pour la plupart surprises par cette situation imprévisible qui a de facto, mis à mal toutes les prévisions de l’année 2020.

Le monde des affaires, pour sa part, risque de connaître une reprise timide si la crise perdure. Cependant, la sortie de la crise pourra également être profitable à certains secteurs si nous arrivons à transformer les difficultés présentes en opportunités.

Néanmoins, pour relancer l’économie, les mesures concrètes prises par le gouvernement et d’autres en cours de finalisation pour soutenir le secteur privé permettront non seulement d’amortir les chocs, mais aussi d’anticiper sur les risques d’aggravation, au cas où la pandémie perdurerait.

Le monde des affaires, pour sa part, risque de connaître une reprise timide si la crise perdure. Cependant, la sortie de la crise pourra également être profitable à certains secteurs si nous arrivons à transformer les difficultés présentes en opportunités. Certains secteurs en sortiront gagnants même si d’autres auront besoin d’un soutien substantiel des institutions financières.

Nous allons parallèlement à cela, accentuer les réformes économiques et sociales ainsi que l’écoute permanente vis-à-vis du secteur privé qui reste l’acteur clé et donc le moteur de la croissance.

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