(Togo First) - Alors que l’édition 2018 de l’Indice Ibrahim de la gouvernance africaine (IIAG) qui vient d’être rendu public ce 29 octobre, présente une Afrique à deux vitesses, le Togo semble arborer confortablement la voilure des pays les plus réformateurs sur le continent. Décryptage.
11e pays africain le plus réformateur depuis 2008
Comme l’année dernière où il avait surclassé tous les traditionnels bons élèves, en s’offrant la très convoitée 2e pays place des pays africains les plus réformateurs sur les 10 dernières années, derrière un Etat ivoirien royalement couronné, le Togo semble gravit les marches, mais...
Après le spectaculaire bond lors de l’édition passée, le Togo fait désormais partie du top 15 des pays les plus réformateurs sur la dernière décennie. Un recul, reflet d’une tendance générale. Selon l’IIAG, « plus de la moitié (19) des 34 pays qui ont amélioré leur niveau de gouvernance globale au cours de la dernière décennie enregistrent un essoufflement au cours des cinq dernières années, soit que leur taux de progression ait ralenti, soit même qu’ils aient amorcé un déclin. »
Le pays de la cote-ouest africaine améliore sa gouvernance, mais la progression semble s’essouffler cette année, estime la fondation éponyme du milliardaire anglo-soudanais né en 1946, Mo Ibrahim (photo).
Sous l’impulsion d’un cocktail de réformes institutionnelles, sociales et économiques, le pays qui loge désormais à la 30e place continentale avec 49,1 points, un peu en deçà de la moyenne (49,9 points), aura amélioré sa gouvernance de 5,2 points. Soit le 11e pays réformateur en Afrique, derrière la locomotive classique, la Côte d’Ivoire, grande championne depuis deux ans (+12,7 points), le Rwanda (+5,9 points), le Kenya (+6,1 points), le Maroc (+7,3), le Zimbabwe (+10,8).
Une centaine d’indicateurs vissés autour de 4 thématiques d’évaluation
l’IIAG, le rapport annuel sur la bonne gouvernance en Afrique, montre l'évolution des dix dernières années sur le continent. Les 54 pays sont ainsi classés en fonction de leur développement économique, démographique, environnemental, les avancées politiques, l'éducation, la santé ou les droits humains. Au total, 100 indicateurs sont répartis en quatre grandes thématiques : sécurité et état de droit, participation et droits humains, développement économique durable et enfin développement humain. La sécurité, par exemple, regroupe 26 indicateurs tels que l'indépendance de la justice, la corruption, les conflits armés internes ou les troubles sociaux. 26 critères également pour le développement humain, de la qualité du système éducatif aux services sociaux en passant par accès au réseau sanitaire.
C'est le développement économique durable qui regroupe le plus d'indicateurs. 29, comme la solidité des banques, la transparence des entreprises publiques, le soutien du système agricole ou encore l'état des diverses infrastructures.
Les droits de l’Homme, la parité et l’inclusion politique
Sur la dimension Participation et Droits humains, le Togo a progressé de 5,6 points en dix ans, pour une moyenne africaine de seulement 2,9 points. L’amélioration est portée par les progrès conséquents réalisés en matière de participation, droits de l’Homme et parité. En particulier, le score en matière de parité s’est nettement amélioré (+10,3), tiré par la promotion de l’égalité des sexes, les lois contre les violences faites aux femmes et les efforts relatifs à l’égalité entre les sexes en milieu de travail.
La sous-catégorie Droits de l’Homme a été propulsée par des évolutions favorables en matière de liberté d’association, de droits civils, de protection contre les discriminations religieuses et ethniques. Et l’inclusion, par la participation à la chose politique, aux élections démocratiques, de la société civile.
Des avancées notables sur le plan économique
En matière de Développement économique durable, IIAG montre une nette amélioration de la gestion publique avec une tendance favorable dans les indicateurs tels que : l’efficacité de l’administration publique, la mobilisation des recettes fiscales, la dématérialisation des services publics, etc.
Sur le plan de la qualité et de l’opportunité des infrastructures, le Togo peut se satisfaire d’avoir la 12e infrastructure de transport en Afrique et une infrastructure IT et digitale en pleine modernisation, constate Mo Ibrahim, qui cite le WEF, l’EIU, l’UIT.
Concernant les politiques axées sur le secteur rural, le pays a réalisé des progrès significatifs relatifs à l’amélioration de l’accès aux terres, et l’approvisionnement en eau des agriculteurs, les recherches et développement avec l’ITRA, l’intégration des organisations rurales, et la promotion de l’approche genre en milieu rural.
On notera également, une légère amélioration dans l’environnement des affaires.
Le défi sécuritaire
Si le continent reste marqué par un déclin continu de la catégorie Sécurité et État de droit depuis 2008 (- 2,5 points), au Togo, cette dimension peut souffler un peu, entraînée par une légère amélioration de la règle de droit, la transparence et la reddition de compte, et la perception de la sécurité individuelle. La perception de la sécurité nationale s’est quant à elle, détériorée.
Le capital humain
En matière de développement humain, la perception de Bien-être des populations s’est améliorée, dans le même sens que l’éducation et la santé.
Globalement en Afrique, les cinq pays les mieux positionnés, en prenant en compte l'ensemble des indicateurs, sont l'Ile Maurice (79,5 points), suivi des Seychelles (73,2 points), du Cap-Vert (71,1 points), de la Namibie (68,6 points) et du Botswana (68,5 points).
Fiacre E. Kakpo