(Togo First) - Du haut de ses 35 ans et ses neuf ans d’expériences effectives dans la gestion d’entreprise agricole, Yao Toyo, est un ingénieur agroéconomiste de formation, mais ce ne sont pas les casquettes qui lui manquent.
Actuellement 2ème Adjoint au maire de la Commune Ogou 1, Vice-Président du Conseil Interprofessionnel de la filière Soja du Togo (filière qui est un des plus grosses pourvoyeuses d’emplois dans le domaine agricole en 2019), il est aussi et surtout entrepreneur et patron de la Jonction de Croissance Agricole au Togo (JCAT), fondée en 2011. La société représente aujourd’hui près de la moitié des exportations dans le secteur du soja bio.
En presque dix ans de vie, l’entreprise a attiré l’attention de nombreux partenaires, comme le PAEIJ-SP, centré sur les agripreneurs, qui les appuie dans leur expansion.
« Après ma formation en agriculture à l'université de Lomé, j'ai travaillé dans une ONG de la place où je donnais des formations aux agriculteurs. Au fil de ce parcours, j'ai constaté qu'il y a un besoin sur le terrain, celui de marchés pour nos producteurs. »
Après une rapide étude de marché, le choix de Toyo se portera sur le Soja, de plus en plus prisé sur le marché mondial. « Nous avons commencé avec 500 producteurs sur 500 ha », confie-t-il.
A ses débuts, JCAT était concentré sur le Soja conventionnel, c’est face aux retours du marché, que le nouveau « filon » du bio va s’imposer comme une évidence.
La Jonction va ainsi recruter des techniciens agricoles, et se renforcer en ce qui concerne la maitrise les normes des techniques biologiques de l'Union européenne.
Mais avec les difficultés de financement, seul 30% de ce qui a été produit a pu être exporté. Des débuts bien difficiles.
PAEIJ-SP, un partenaire à 1 milliard FCFA
Toyo rencontre le PAEIJ-SP en 2017, qui, après une étude de terrain, a sélectionné sa Jonction comme entreprise structurante.
La magie opère : La société passe ainsi d’un financement entre 100 millions à 150 millions FCFA en 2017, à 400 millions en 2018, puis 600 millions en 2019. Pour la campagne en cours, JCAT bénéficie d’une enveloppe de 1 milliard FCFA, pour la collecte de Soja auprès des producteurs.
Son chiffre d’affaire, en trois ans, est passé de 235 millions FCFA à 3 milliards. Il se situerait actuellement autour de 6 milliards de francs CFA.
Sur cette période, « Nous sommes passés de 2 000 tonnes à 15 000 tonnes en 3 ans grâce au PAEIJ-SP et le nombre de producteurs est passé de 1000 à plus de 10 000 ». Dans la foulée, la société a pu considérablement augmenter sa capacité de collecte, en vue d’exporter vers l’Europe, où JCAT exporte principalement vers la France, et livre quatre gros clients dans l’industrie.
Le nombre d’emplois permanents est passé de 8 à 49 (Techniciens et équipe administrative compris), en plus des jeunes chargeurs, présents presqu’en permanence au magasin, et qui sont au nombre de 50 ; et d’une cinquantaine de femmes qui aident au nettoyage du soja (le défi est d’avoir un taux d’impureté inférieur à 1%).
Plus globalement, l’ensemble des acteurs intervenant dans la production du soja biologique est passé de 800 à 4 542 personnes. La jonction travaille avec 142 villages dans la région des plateaux, et 6000 exploitants agricoles organisés en 402 coopératives, et aide les petits producteurs à obtenir du crédit auprès des microfinances.
Un magasin de 6000 tonnes en construction
« A ce stade, nous avons le défi de mécaniser la pratique agricole. Nous sommes dans une chaîne de valeurs assez sensible à la main d’œuvre. » Souligne-t-il.
Le principal défit de ce nouveau roi du soja bio togolais, est la formalisation et la structuration d’un cluster, rassemblant l’ensemble des acteurs avec qui il travaille, dans une logique de partenariat, pour un « partage de risques et de bénéfices ».
Enfin, pour répondre au défi du stockage, à un moment où la société passe à l’échelle, un plus grand magasin est en construction (JCAT utilisait jusqu’à alors un magasin de 3 000 tonnes de capacité, loué à l’usine textile de Datcha). La nouvelle infrastructure, visitée par Faure Gnassingbé en janvier dernier, a une capacité de 6000 tonnes. « Le prochain cap, sera de passer soi-même à la transformation. » Précise Toyo.
Au Total, en 2019, le Togo était classé 1er exportateur ouest africain et 5ème en Afrique de soja bio avec 22 000 tonnes. Globalement, les entreprises appuyées par le PAEIJ-SP ont contribué avec 13 863 tonnes, soit 63%.
Ayi Renaud Dossavi
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