(Togo First) - La campagne cotonnière 2023/2024 au Togo s'est clôturée sur une note contrastée. Bien que marquée par une production impressionnante de 67 718 tonnes et un rendement de 844 kilogrammes à l'hectare soit une hausse de 45% par rapport à la campagne précédente, elle laisse un goût amer chez les producteurs.
Toutes les régions du Togo ont vu leur performance s'améliorer, ce qui, selon Olam, a généré des revenus bruts dépassant les 20 milliards de francs CFA.
Cependant, malgré ces chiffres encourageants, l'ambiance n'est pas à la fête parmi les cotonculteurs. Leur déception est palpable, notamment vis-à-vis de la gestion de la filière par le groupe OLAM International, dont les promesses de relance peinent toujours à atteindre leur cible.
"Nous avons observé Olam pendant plus de trois ans, et actuellement, cela ne nous met pas en confiance d'être avec eux pour avancer", fustige Koussouwè Kouroufei, président de la Fédération Nationale des Groupements de Producteurs de Coton (FNGPC). La faîtière des cotonculteurs regroupe aujourd'hui 5 Unions régionales pour 27 Unions préfectorales avec 3075 groupements de producteurs, totalisant 153 000 cotonculteurs.
En comparaison avec d'autres pays comme le Tchad et la Côte d'Ivoire où OLAM aurait significativement augmenté les rendements, les résultats au Togo sont loin des attentes, stagnant entre 600 et 700 kilogrammes à l'hectare, se plaint le responsable.
Parmi les autres griefs contre le groupe singapourien, qui détient depuis 2020 51% de la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT), société en charge du coton : rendements stagnants bien en deçà des attentes malgré une présence de plus de trois ans, accumulations inexpliquées de dettes, et retards chroniques dans la distribution des intrants essentiels tels que les engrais et les pesticides. "Et pire encore, ils accrochent des dettes à la fédération chaque campagne, sans qu'on ne sache d'où viennent ces dettes", se désole Kouroufei.
Arrivés avec les espoirs de rapidement doubler la production togolaise, qui peinait à décoller, le géant asiatique a manqué d’atteindre les améliorations attendues. La production lors des premières années de gestion par Olam, ayant constamment baissé sauf pour la saison 2023-2024, qui a vu une première hausse notable du groupe.
"Nous, les producteurs, c’est notre travail et nous avons déjà commencé les semis. OLAM n'était pas là, on produisait, donc même s'il s’en va ou reste, nous allons toujours produire. Nous avons déjà donné des orientations en tant que premier responsable de la fédération, aux collègues producteurs, de préparer les champs et on les encourage à aller vers les semis. Les problèmes sont là, mais nous, nous rassurons que les solutions seront trouvées au fur et à mesure", confie Koussouwè Kouroufei, à Agridigitale.
Fiacre E. Kakpo