(Togo First) - Faire du neuf avec du vieux, l’astuce est vieille comme le monde et n’a a priori rien d’emballant. Mais « d’emballage » si ! C’est le pari pris par deux jeunes Togolais, Amedjonekou Edem et Mihluedo Kwassi en initiant ‘MiabéProduit’. La startup créée il y a quelques mois, remet au goût du jour les amuse-gueules et autres friandises qui ont bercé l’enfance de nombreuses personnes, jusqu’à la dernière décennie, avant de perdre sensiblement en notoriété au profit de produits plus softs. Du « souklézi » au « gonazo », en passant par le coco rapé, « molou » et tapioca frit, MiabéProduit fait de la culture du vintage sa marque. TogoFirst est allé à sa découverte.
Togo First : Pourquoi « MiabeProduit » ?
MiabéProduit : MiabéProduit est un concept, une marque que nous essayons de créer pour donner une identité à certains de nos produits locaux. Le marché est déjà considérablement envahi par les produits locaux, certes, mais notre vison est de créer autour de ces produits une communauté de personnes qui aura à redécouvrir les produits qu’ils avaient l’habitude de consommer quand ils étaient plus jeunes. Cela procure toujours de la joie de retrouver des aliments qui ont bercé votre enfance.
T.F : Comment est née l’entreprise ?
MP : Elle née d’un constat. Nous avons remarqué qu’une certaine partie de la population prend de plus en plus l’habitude de faire ses emplettes dans les supermarchés. Et la plupart des produits qui figurent dans les rayons sont des produits importés dont nous ignorons les conditions de production. Au même moment, nous avons des produits locaux, sains qui trainent sur des étals au bord des voies et exposées au soleil. Tout simplement parce qu’ils ne sont pas valorisés.
C’est de là qu’est venue l’idée MiabéProduit ou notre produit en langue locale. Nous avons commencé sans aucun accompagnement institutionnel, avec nos propres moyens, des aides de toute nature provenant de proches. Mais nous avons quand même bénéficié d’un accompagnement technique et des conseils du Cabinet SDK Conseil qui est spécialisé dans le suivi et l’accompagnement des jeunes entrepreneurs, ce qui nous a permis d’ailleurs de faire notre première sortie officielle lors de la foire « Entrepreneuriat au féminin ».
T.F : Quels sont les réactions quand vous présentez vos produits ?
MP : L’étonnement et le ravissement dans la plupart des cas. Le fait est que tous nos produits sont déjà assez connus. Du coup le marché est déjà là et acquis. Il nous suffit de bien faire pour que cela soit adopté à nouveau. Cela fait toujours plaisir de voir le ravissement sur le visage d’une personne qui s’extasie sur un produit ou un aliment qui a marqué son enfance ou sa génération.
T.F : Comment comptez-vous conquérir le marché togolais ? Avez-vous des partenaires sur le terrain ?
MP : Je crois qu’avec une bonne politique commerciale nous pourrions espérer conquérir tout le marché togolais. Nous sommes de jeunes entrepreneurs avertis et ceci nous permet d’être rassuré que quelles que soient les difficultés sur le terrain, le rôle d’un entrepreneur est de chercher un moyen pour les surmonter. Nous avons déclenchés une procédure de partenariat avec un certain nombre de supermarchés de la capitale et progressivement nous irons dans l’intérieur du pays.
T.F : Quelles sont vos difficultés ?
MP : Le financement, comme pour toute nouvelle startup. Nous avons commencé avec nos moyens de bord et cela nous cause énormément de difficultés.
Cela entraîne donc une incapacité à satisfaire la demande sur le marché par rapport aux commandes que nous recevons. Je dois aussi préciser que MiabéProduit a opté pour le bio. Toutes les matières premières que nous utilisons pour la fabrication de nos produits sont issues du bio tout comme les emballages qui sont biodégradables. Ceci, dans le but de respecter les normes de la protection de l’environnement et aussi pour préserver une santé saine pour nos consommateurs.
T.F : Quelles sont vos perspectives à long terme ?
MP : Voir MiabéProduit dans les rayons de tous les supermarchés du Togo, ainsi que ceux des pays de la sous-région. Concurrencer rudement les produits importés et enfin exporter MiabéProduit vers la diaspora présente en Occident.
Interview réalisée par Octave A. Bruce