(Togo First) - D’enfant de la terre à Officier de l’ordre du mérite agricole, telle est la trajectoire de cet entrepreneur togolais, décoré par le Premier ministre lors du récent Forum national du Paysan Togolais. Tchakondo Abdoul Kabirou est l’un des jeunes Togolais qui ont fait de la promotion des fruits locaux, leur combat. Son fruit, c’est le rône, fruit ovoïde ou globuleux lisse, de couleur jaune, marron ou orange issu du rônier ou borasse que l’on retrouve en abondance dans le nord du Togo. Aujourd’hui à la tête de Juro, une entreprise qui transforme, produit et commercialise le jus issu de ce fruit, Tchakondo emploie 10 personnes et enregistre un chiffre d’affaires annuel de 10 millions FCFA. TogoFirst est allé à sa rencontre.
Tchakondo Abdoul Kabirou,
TogoFirst : D’où est partie l’idée ?
Tchakondo Abdoul Kabirou : J’ai été directeur général adjoint d’une entreprise que j’ai cofondée avec un ami et je m’occupais des activités sur le terrain pendant que mon collègue gérait les affaires administratives. Au cours de mes multiples tournées, j’ai constaté que chaque année, des milliers de fruits de rônier étaient abandonnés dans la savane. Pourtant les paysans à qui appartenaient ces terres vivaient sous le seuil de pauvreté. J’ai donc décidé de trouver une solution pour exploiter ces fruits délicieux et qui ont beaucoup de vertus. Cela permettrait non seulement de promouvoir la consommation de ce fruit souvent méconnu et délaissé à tort, mais aussi d’inciter les paysans à entretenir ces arbres qui sont souvent abattus pour faire de la charpente en menuiserie. Ainsi est née l’idée d’entreprendre dans ce domaine.
T.F : Avez-vous bénéficié d’un accompagnement ?
T.A.K : Oui du PASA (programme d’appui au secteur agricole, ndlr). Cette structure nous a fait un financement à hauteur de 3,5 millions FCFA. Nous venons d’obtenir la première tranche de 1,7 millions et nous attendons la deuxième tranche.
T.F : Comment s’effectue la transformation de rône en jus ?
T.A.K : Les fruits nous viennent des régions des Savanes, Centrale et des Plateaux. Une fois que la matière première arrive à l’unité de production qui est en même temps le siège de l’entreprise, les fruits sont lavés, épluchés et dépulpés puis mis en machine pour être pressés. On extrait le jus qu’on prépare. S’en suit le conditionnement à chaud dans les bouteilles, l’étiquetage et le stockage. Aujourd’hui nous produisons jusqu’à 5000 bouteilles par mois.
T.F : Arrivez-vous à les écouler facilement ?
T.A.K : Non. Et c’est la première difficulté que nous rencontrons. Surtout que c’est un nouveau produit sur le marché, il n’est pas encore très assimilé par les consommateurs donc l’écoulement ne se fait pas encore comme nous le voulons mais nous espérons qu’avec les mécanismes que nous mettons en place, cela s’améliorera.
L’autre difficulté réside dans la disponibilité du produit. Pendant 3 mois, de novembre à janvier, il y a une pénurie du coup pendant cette période, c’est un peu compliqué de travailler. Le reste de l’année, les fruits sont disponibles.
T.F : Quelles sont vos perspectives ?
T.A.K : Conquérir Lomé et passer à l’intérieur du pays. Nous désirons vraiment que les Togolais consomment ce jus. Cela permettra de valoriser la production locale et freiner un peu l’entrée des jus et boissons étrangères dans le pays.
Nous ambitionnons également de mettre sur pied une seconde unité de production dans les Savanes, là où nous nous approvisionnons. Cela permettra aux paysans avec qui nous collaborons de bénéficier des emplois que cela va offrir.
Propos recueillis par Octave A. Bruce