(Togo First) - Dans une récente étude, l'agence Moody’s analyse les risques que courent les banques de plusieurs pays du continent, dont le Togo, face aux défis environnementaux et climatiques. Cette étude a permis notamment de faire une cartographie des secteurs où ces banques sont les plus engagées, et les différents niveaux de risques associés.
Si, dans l’ensemble, les banques togolaises sont relativement moins exposées aux risques environnementaux, comparé à d’autres pays du continent, elles ont néanmoins des défis à relever, notamment dans les secteurs du transport et logistique, du commerce, et dans l’exposition aux dettes et obligations d’Etat.
Commerce et transports, les secteurs les plus financés
Les plus gros secteurs d’engagement des banques togolaises, en termes de crédit, sont le Commerce et le transport.
En effet, les activités de commerce (en gros et détail) représentent 26,8% des crédits accordés par les banques togolaises. Ceci les met dans une position à surveiller, parce que ce domaine, selon l’évaluation de Moody’s, est soumis à un “risque modéré”, en termes de défis environnementaux.
Cependant, le secteur avec le plus haut niveau d’exposition et le plus gros risque pondéré, est celui des Transports et logistiques, qui représente 17,5% des prêts bancaires...et présentent un “risque élevé", selon l’étude.
Les secteurs secondaires :
Les secteurs secondaires, en termes d'engagement et de risques, sont ceux de l'Industrie et de la manufacture (qui pèsent 7,7% des engagements des banques) et de la Production et distribution d'électricité, de gaz et d'eau (5,5%). Ces deux secteurs présentent un "risque modéré".
L’agriculture (toujours) délaissée
Notons par ailleurs la très faible participation des banques aux activités agricoles (agriculture, sylviculture et élevage). Selon les données de Moody's, les acteurs bancaires togolais ne sont engagés sur ce segment qu’à hauteur de 0,1% de leur portefeuille. Si les autorités togolaises estiment que le niveau d'engagement des banques est deux fois plus important, ce chiffre reste néanmoins, très minime. Le secteur est modérément exposé aux risques environnementaux, s'il en est.
Le défi des dettes souveraines
Au-delà de ces activités de crédit, le secteur bancaire togolais est potentiellement exposé à cause de leurs engagements sur les dettes et les obligations d’Etat.
En effet, « Les banques africaines sont vulnérables aux risques environnementaux plus larges auxquels sont confrontés leurs gouvernements en raison de l'importance de leurs avoirs en obligations et prêts d'État », souligne l'analyste.
Or, dans le cas des banques togolaises, l'exposition aux dettes d'Etat représente près de 4 fois leur total en fonds propres (plus de 250%). Un notable effet de levier qui pourrait se retourner contre elles en cas de pépin (comme par exemple, une détérioration des paramètres de crédit souverain due à des chocs climatiques).
Une situation qui devrait continuer
Notons au reste que le lien étroit entre les banques et les dettes souveraines devrait encore se renforcer dans un avenir proche, notamment à cause de la pandémie de Covid-19.
Ainsi, « Nous nous attendons à ce que les banques maintiennent une exposition élevée au gouvernement, car les déficits budgétaires importants, qui ont été exacerbés par la pandémie, maintiendront les besoins de financement du gouvernement à un niveau élevé. », souligne Moody’s.
Pour rappel, selon les plus récentes statistiques, 90% de la dette des États sur le marché de l’Uemoa, est déjà détenue par les banques commerciales.
Ayi Renaud Dossavi
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