(Togo First) - Après des années de désengagement dans le secteur financier, le gouvernement togolais s’emploie à conserver l’Union togolaise de Banque (UTB) dans son portefeuille. Unique banque publique restante après les privatisations successives de la BTD, de la BPEC et de la BTCI, l’UTB demeure un instrument stratégique pour l’État, malgré sa situation financière fragile.
Au premier trimestre 2024, Lomé a discrètement recapitalisé la banque, redressant un capital tombé en territoire négatif. Selon nos sources, cette opération de sauvetage, validée par un notaire, a permis de ramener les fonds propres négatifs de la banque à zéro, une étape cruciale pour éviter une intervention de la BCEAO.
Le montant exact de cette injection de fonds demeure confidentiel, bien que la Loi de finances ait prévu au moins 13 milliards FCFA (21,4 millions $) pour stabiliser la banque, en plus de 66,9 milliards FCFA pour acquérir les infrastructures de l’UTB et de IB Bank (ex-BTCI), privatisée en 2021.
Ensemble, l'UTB et IB Bank concentrent 18,9 % des actifs bancaires du Togo, mais leurs capitaux propres réglementaires étaient négatifs, représentant 1,8 % du PIB fin 2023. Malgré la recapitalisation, le ratio de solvabilité du secteur bancaire togolais, autour de 7,5 % en mars 2024, reste en dessous de la norme minimale de 11,5 %. Ce taux représente néanmoins une progression par rapport aux 5 % enregistrés fin 2023 et seulement 2,6 % en 2019.
S’il se montre attaché à sa dernière banque publique, le gouvernement togolais n’exclut pas de nouvelles injections de capitaux pour stabiliser l’UTB. Une vente semblait encore possible en début d’année, mais l’acheteur potentiel s’est désisté, réticent à ajuster son offre après la recapitalisation. Pour obtenir une vision claire de la situation, Lomé a mandaté un audit indépendant pour une évaluation transparente de la santé financière de l’UTB.
Le redressement de l’UTB a été confié à Simplice Toyi Assih, nommé directeur général en août 2024. Cet expert financier, avec plus de 23 ans d’expérience, a pour mission de restaurer la confiance des créanciers et des clients, tout en répondant aux exigences de la Commission bancaire de l’UMOA.
Toutefois, le Fonds monétaire international (FMI) reste prudent face aux risques budgétaires de cette recapitalisation. L’institution a exhorté les autorités togolaises à réformer la gouvernance des entreprises publiques afin de limiter les impacts potentiels sur la stabilité financière. Selon des estimations internes, le soutien de l’État à l’UTB et à la BTCI pourrait creuser le déficit public de 1,1 % du PIB, un fardeau supplémentaire pour Lomé dans un contexte économique tendu.
Fiacre E. Kakpo