(Togo First) - Le 1er forum de la titrisation dans l'Uemoa s'est ouvert ce mercredi 30 novembre, au lendemain de l’AFIS (Africa Financial Industry Summit). Objectif : donner un coup d'accélérateur à un secteur dont le potentiel estimé déjà à plus de 17 000 milliards FCFA à ses débuts dans les années 2010, est désormais projeté à plus de 50 000 milliards FCFA.
“Aujourd'hui, les créances des banques dépassent les 25 000 milliards FCFA. En faisant nos projections, on se rend compte qu'il y a un potentiel de multiplier ces créances par 2 ou 3 en recourant aux opérations de titrisation…”, a souligné d’entrée Ripert Boussoukpe, SG de l’Autorité des Marchés Financiers de l'Union Monétaire Ouest Africaine (AMF-UMOA), ex-Crepmf. Selon le responsable, l’industrie de la titrisation pourrait générer plus de 50 000 milliards FCFA supplémentaires de liquidités pour les acteurs du secteur notamment les banques.
Pour rappel, la titrisation est une technique financière qui consiste à transférer à des investisseurs, des actifs financiers tels que des créances en les transformant en titres financiers émis sur le marché des capitaux via un véhicule financier dédié. Dans l'Uemoa, ce véhicule est appelé Fonds commun de titrisation de créances.
Apparue il y a environ 60 ans aux Etats-Unis, la titrisation s’est progressivement répandue dans le monde comme un important outil de financement ou de placement financier avant de connaître un ralentissement pendant la crise des subprimes, crise durant laquelle cet instrument fut en première ligne. Dans l’Uemoa, l’instrument qui a été au cœur de la crise financière de 2008 s’est développé dans un environnement très hostile ces dernières années. “Nous avons dû faire les mêmes choses en utilisant d’autres noms”, reconnaît Karamoko Fadiga, Associé chez le cabinet ASAFO & CO., co-organisateur du forum avec le cabinet Deloitte.
Lancé en 2010 dans l’Union au lendemain de la crise financière, il faudra attendre 2014, pour assister à la première opération de titrisation.
Depuis, un total de 12 opérations ont été réalisées pour un montant de 1 065,8 milliards de francs CFA, dont six ont eu lieu au cours des seules deux dernières années, selon Sani Yaya, ministre de l’économie et des finances togolais qui a présidé la cérémonie d’ouverture des débats.
Optimiser les ressources
Pour Serge Ekué, Président de la BOAD, la titrisation est “la seule opération” qui pourrait aider à décupler le bilan des banques locales. C’est un excellent outil qui “va nous permettre d'améliorer la contribution du secteur financier aux plans nationaux de développement”, souligne le Dirigeant qui ajoute que l’Afrique n’a d’autre choix que d'innover, dans un monde aux grands défis.
Même son de cloche chez Bela Doumbouya, Responsable Risques chez Orabank Togo, institution bancaire, qui l’année dernière, a réalisé sa première opération de titrisation sur le marché de la BRVM, en convertissant 25 milliards FCFA de ses créances en liquidités.
“Cette opération nous a permis d’améliorer notre ratio de liquidité, notre solvabilité et notre image,” se félicite le cadre.
Renforcer le cadre réglementaire et veiller au grain
Dans son discours, le ministre togolais Sani Yaya a également appelé les acteurs à approfondir les échanges, en ce qui concerne le cadre réglementaire ainsi que la qualité des actifs qui sont titrisés.
“Un cadre juridique et réglementaire précis est important pour assurer la crédibilité de cet instrument et la confiance de tous les acteurs du marché”, a-t-il déclaré.
Aussi, insiste-t-il, “la qualité des créances qui sont titrisées est un élément très important pour assurer la confiance à cet instrument et assurer justement la liquidité des partenaires, des opérateurs économiques, des investisseurs qui ont de la liquidité et qui voudraient investir dans cet instrument.”
Fiacre E. Kakpo