Énergie : à Lomé, l’Afrique de l’Ouest rêve d’électricité pour tous

Energies
mercredi, 04 décembre 2024 11:28
Énergie : à Lomé, l’Afrique de l’Ouest rêve d’électricité pour tous

(Togo First) - Lomé, la capitale togolaise, accueille cette semaine, le premier Sommet de la Coopération Énergétique en Afrique de l’Ouest (WA-ECS), un événement stratégique pour une région où la moitié de la population reste sans accès à l’électricité. L’objectif affiché est ambitieux : mobiliser les investissements nécessaires pour moderniser des infrastructures énergétiques vieillissantes et mal interconnectées.

Organisé par EnergyNet, spécialiste de la promotion des investissements énergétiques, en partenariat avec l’État togolais et avec le soutien de la Banque mondiale, cet événement rassemble gouvernements, institutions financières et entreprises privées autour du thème : « Bâtir une souveraineté énergétique pour un développement durable ».

Le coup d’envoi a été donné mardi 3 décembre 2024 par la Première ministre togolaise, Victoire Tomégah-Dogbé. « Ce sommet est une opportunité unique de poser les bases d’un partenariat stratégique, capable de transformer les réalités énergétiques pour un avenir plus sûr et durable de nos populations », a déclaré la cheffe du gouvernement dans son discours inaugural.

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Les discussions du WA-ECS se concentreront sur trois axes principaux : l’interconnexion des réseaux électriques pour mutualiser les ressources, l’intégration accrue des énergies renouvelables dans le mix énergétique, et la mobilisation des financements nécessaires, estimés à 30 milliards de dollars d’ici à 2030.

Une crise énergétique persistante

Avec un taux moyen d’électrification de 56 %, l’Afrique de l’Ouest fait face à des disparités marquées : en zone rurale, l’accès à l’électricité tombe à moins de 10 % dans certains pays, ce qui limite l’accès à l’éducation, à la santé et à l’emploi pour des millions de personnes.

Ce retard coûte cher : la Banque mondiale estime que les pertes économiques dues aux insuffisances énergétiques représentent jusqu’à 4 % du PIB annuel dans certains pays ouest-africains.

Un potentiel sous-exploité

La région dispose pourtant de ressources importantes. Avec une capacité hydroélectrique exploitable de 5000 MW, seuls 20 % de ce potentiel sont actuellement utilisés. Le solaire et l’éolien, particulièrement prometteurs dans les pays sahéliens, restent encore largement sous-développés.

« Le gaz naturel, avec des découvertes récentes au Sénégal, en Mauritanie et en Côte d’Ivoire, pourrait également jouer un rôle clé dans le mix énergétique régional », a déclaré Sediko Douka, commissaire chargé de l’énergie et des mines de la CEDEAO.

Pour répondre à la demande croissante – qui augmente de 6 % par an –, le plan directeur des infrastructures énergétiques de la CEDEAO (2019-2033) prévoit la production de 16 000 MW supplémentaires et la construction de 23 000 km de lignes d’interconnexion, pour un coût total estimé à 36 milliards de dollars.

Depuis 2020, plus de 5 milliards de dollars ont été injectés dans des projets structurants en Afrique de l’Ouest. Une somme colossale, mais qui porte ses fruits : les coûts de production d’électricité ont chuté de 30 à 40 % dans plusieurs pays, selon Kwawu Mensan Gaba, directeur de la pratique énergie à la Banque mondiale.

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Il a ajouté que des initiatives telles que la ligne Ghana-Togo-Bénin — 350 km désormais opérationnelle — ou celle qui relie la Côte d’Ivoire, le Libéria, la Sierra Leone et la Guinée, ou encore le gazoduc ouest-africain illustraient les avancées en matière de coopération régionale : « Grâce au West African Power Pool, l’intégration des réseaux nationaux progresse et les résultats sont prometteurs. Dans plusieurs pays, cette approche a permis de réduire le coût moyen de production d’électricité de 30 à 40 %. Ces avancées montrent que la mutualisation des infrastructures peut avoir un impact significatif sur la compétitivité énergétique régionale. »

Même son de cloche chez Abdoulaye Sylla, gestionnaire de portefeuille chez EnergyNet : « L'interconnexion de nos réseaux électriques, la mutualisation des ressources et la coordination des politiques énergétiques permettront de maximiser la capacité de l'énergie. »

Le modèle togolais : un exemple pour la région

Le Premier ministre togolais, Victoire Tomégah-Dogbé, a présenté un bilan positif des avancées énergétiques réalisées par le Togo. En quatre ans, le taux d’électrification est passé de 52 % à 69 %. L’objectif affiché : une couverture universelle à l’horizon 2030.

« L’énergie est au cœur de nos ambitions de développement durable… L’énergie est la clé de voûte de notre avenir… une question de justice sociale », a-t-elle déclaré lors de son intervention.

Pour appuyer ces efforts, 137 MW de centrales de sources renouvelables sont actuellement en cours d’installation, ce qui consolide le rôle du Togo comme acteur régional dans la transition énergétique. Le pays abrite aujourd’hui l’une des centrales photovoltaïques les plus importantes de la sous-région. 

Au-delà des réussites nationales, les attentes à l’égard du sommet sont élevées. Une déclaration commune devrait acter des mesures concrètes pour accélérer l’intégration énergétique régionale et favoriser les partenariats public-privé. « Ce sommet n’est pas seulement un cadre de dialogue entre gouvernements et secteur privé. Il doit être un catalyseur pour des actions concrètes. Je vous invite à mettre en œuvre des solutions pragmatiques, à définir des projets prêts à être exécutés et à renforcer les liens entre les gouvernements, les chercheurs, les entreprises et les acteurs de la société civile », a martelé la cheffe du gouvernement togolais.

Fiacre E. Kakpo

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