(Togo First) - La BOAD avait annoncé, plus tôt cette année, une augmentation substantielle de capital. Des ressources qui permettent à la banque qui fête ses cinquante ans en novembre prochain, de renforcer sa capacité à soutenir davantage de projets régionaux structurants.
La Banque ouest-africaine de Développement (BOAD) a annoncé travailler sur une émission de titres super subordonnés dans le but de renforcer son capital. Cette initiative s’inscrit dans un programme d’un montant de 600 millions de dollars, soit environ 372 milliards de francs CFA. L’annonce a été faite par le président de l’institution financière, Serge Ekue (photo), lors d’un déjeuner avec la presse, le 29 septembre dernier à Lomé.
« Nous travaillons sur une émission de titres super subordonnés à fort contenu en capital soit un programme de 600 millions de dollars, environ 372 milliards de francs CFA. Nous sommes sur le point de réaliser une opération de 100 millions de dollars, soit entre 60 et 70 milliards de francs CFA », a indiqué le Président.
Les titres super subordonnés sont des instruments financiers qui se situent entre le capital et la dette dans la structure financière d’une institution. Ils sont considérés comme du capital d’un point de vue réglementaire, ce qui permet d’améliorer les ratios de capital de l’entité émettrice tout en offrant aux investisseurs un rendement potentiellement plus élevé comparé aux obligations traditionnelles. Ce sont généralement des obligations de caractère perpétuel entraînant une rémunération perpétuelle.
Cette annonce intervient après une augmentation substantielle de capital réalisée et annoncée au milieu de cette année. Les actionnaires existants de la banque avaient accepté d’injecter une première tranche de 554,35 milliards FCFA (920 millions $), portant ainsi le capital de la banque à 1709,35 milliards FCFA, soit une hausse de plus de 48 %. Cette augmentation avait significativement renforcé la position de la BOAD, l’institution la mieux notée de l’Union, améliorant ainsi sa capacité de mobilisation de ressources sur les marchés financiers et de prêts aux États membres.
La BOAD, acteur clé du développement en Afrique de l’Ouest, envisage ainsi cette émission comme une opportunité d’accroître davantage cette capacité financière et « de soutenir davantage de projets structurants dans la région », a indiqué le financier béninois. Surtout qu’en 2019, 2020 et même 2021, elle était confrontée à un taux d’endettement atteignant « un seuil de saturation ». Depuis, le ratio d’endettement a évolué, passant de 292 % en 2020 à entre 174 et 175 % à l’heure actuelle, comme l’a indiqué le président de la banque de développement. Une transition apaisée que Serge Ekué attribue aux multiples instruments d’innovation que lui et son équipe ont élaboré et mis en œuvre depuis son entrée en fonction, notamment l’opération de titrisation en début d’année, la souscription à une police d’assurance pour couvrir 12 % de son portefeuille, la mobilisation de ressources concessionnelles et de marché, et surtout, et non des moindres, l’opération d’augmentation de capital.
Ainsi, l’institution financière revendique avoir déjà alloué plus de 1600 milliards FCFA au financement de divers projets, dont 1100 milliards FCFA ont été décaissés depuis 2021, année où elle a lancé son plan Djoliba, visant à investir plus de 3 300 milliards FCFA dans les économies de la région d’ici 2025. "Nous sommes ainsi en adéquation avec nos prévisions, malgré le léger délai habituel lors de la mise en œuvre d’une action," a souligné Serge Ekué. Il n’a pas manqué de rappeler que "nous surpassons nos objectifs en matière de création d’emplois et de valeur, mais nous demeurons pour l’instant en deçà des attentes sur les questions de changement climatique et d’intégration régionale."
Une situation qu’ils s’efforcent de redresser dans les futurs engagements, car dans son plan stratégique, la banque a accentué l’importance du financement des projets liés au climat. Elle vient d’ailleurs d’être réaccréditée et revalorisée par le Fonds vert pour le climat, une reconnaissance qui lui permet de monter en gamme sur la scène mondiale du financement climatique, en lui offrant davantage d’opportunités d’accès à des ressources financières substantielles.
Fiacre E. Kakpo