(Togo First) - Des besoins de financement en hausse, un déficit budgétaire qui se creuse, des restrictions d’accès aux marchés financiers internationaux... Face à ces difficultés, les pays de l'UEMOA se tournent vers le marché financier régional. Cette année encore, leur objectif est en hausse, mais le marché est en surchauffe.
Les huit pays membres de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont dévoilé leur objectif pour cette année sur le marché des titres publics (MTP). L'objectif est de lever 7 429 milliards FCFA (12,3 milliards $) par adjudication via Umoa-titres, l'institution sous tutelle de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO).
Ce chiffre est en hausse de 59 % par rapport à l'année dernière, où le montant initial recherché était de 4 672 milliards FCFA. Les États avaient toutefois à mobiliser 5 254 milliards FCFA.
La Côte d'Ivoire se place, comme d'habitude, en tête des pays qui solliciteront le plus le marché des titres publics cette année, avec un objectif de 2 080 milliards FCFA. Elle est suivie du Sénégal, qui cherche à lever 1 565 milliards FCFA pour faire face à ses besoins de financement. Le Mali, qui était coupé du marché pendant tout le premier semestre de l'année dernière, revient en force, avec pour ambition de lever 1 109 milliards FCFA. Le Niger prévoit de solliciter 830 milliards FCFA, tandis que le Burkina Faso compte collecter 630 milliards FCFA. Le Togo projette de mobiliser 580 milliards FCFA, suivi du Bénin qui prévoit de lever 515 milliards FCFA. Quant à la Guinée-Bissau, elle espère obtenir 120 milliards FCFA auprès des investisseurs régionaux.
Ces augmentations d'objectifs de levée de fonds sur le marché des titres publics reflètent les besoins croissants de financement des pays de l'UEMOA, qui font face à des déficits budgétaires importants et à des besoins de financement de plus en plus urgents. Mais confrontés à des restrictions d'accès aux marchés financiers internationaux, ces pays sont contraints de se tourner vers le marché financier régional pour répondre à leurs besoins de financement, une solution également sujette à des défis.
« Trop fortement sollicité », le marché financier régional, bien qu'il ait été un important moteur de financement pour les pays de l'UEMOA ces dernières années, commence à montrer des signes de surchauffe. Au cours des neuf derniers mois, la Banque centrale a relevé ses taux directeurs quatre fois pour freiner la hausse de l'inflation, qui a été engendrée en partie par les injections massives de liquidités en 2020 et 2021 pour relancer l'économie de l'Union. Le resserrement de la politique monétaire de la Banque Centrale a entraîné une augmentation des taux d'intérêt sur le marché, ce qui a rendu le financement plus coûteux pour les pays.
De plus, l'augmentation de l'offre de titres publics sur le marché a entraîné une saturation de la demande des investisseurs, ce qui se traduit par une augmentation des taux d'intérêt exigés pour ces titres. Les incursions sur le marché ont majoritairement échoué, avec des rendements en hausse frénétique depuis le milieu de l'année dernière, qui ont continué à augmenter cette année.
Fiacre E. Kakpo