(Togo First) - Alors qu’il était attendu pour cette année 2020, Eco, la nouvelle monnaie ouest-africaine ne pourrait voir le jour que dans 03 ou 05 ans.
Cette annonce a été faite par Alassane Dramane Ouattara (ADO), de retour de la 57ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernement de la CEDEAO qui s’est tenue lundi à Niamey. « L’ECO en tant que monnaie scripturale ou fiduciaire ne pourra pas voir le jour avant une période de trois à cinq ans », a-t-il déclaré.
D’ici-là, le FCFA demeurera en vigueur, quand bien même Emmanuel Macron avait acté sa fin. « Pendant cette période, bien évidemment, nous continuerons d’utiliser le franc CFA », dit ADO, qui maintient que « c’est une bonne monnaie, appréciée de tous et surtout des pays voisins ».
Ce report de la mise en œuvre de l’Eco ne fait toutefois pas l'effet d'une bombe. Il était assez prévisible au regard des multiples sujets qui empêchent une convergence des points de vue au sein du bloc sous régional, comme le taux de change « parité à l’Euro ou flexibilité ».
Dans une interview accordée en octobre 2019 déjà, à La Tribune Afrique, l'éminent économiste Carlos Lopes a déclaré : « Je reste convaincu que l'Eco ne verra pas le jour en 2020, comme cela a été annoncé, car les conditions techniques ne sont pas réunies ».
Quelques évolutions
Il y a lieu de faire observer que si toutes les difficultés n’ont pas été aplanies, le report de l'opérationnalisation de l’Eco est un pas en avant pour la CEDEAO et une réponse à Muhammadu Buhari qui déplorait la volonté des Etats de l’UEMOA de procéder à une mise en œuvre unilatérale de cette monnaie et demandait expressément son report.
Par ailleurs, l’épineuse problématique du taux de change sur laquelle le bloc sous régional apparaissait totalement divisé, semble également avoir trouvé une solution, selon les déclarations du président ivoirien. « Quand l’ECO sera arrêté, nous pourrons rentrer dans une évolution vers un taux de change flexible et avoir une banque centrale fédérale », a-t-il souligné.
Mais un défi de taille !
Le prochain défi à relever dans la marche vers une politique monétaire commune au niveau de la Cedeao devrait consister à mettre en œuvre les critères de convergences macroéconomiques. Un véritable pari à relever, les économies ouest africaines n'étant pas suffisamment intégrées, hormis la zone UEMOA, de l’avis de certains experts.
Séna Akoda
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