(Togo First) - Le Togo prévoit d’effectuer une sortie sur les marchés financiers internationaux d’ici les trois prochains mois, a confirmé le Chef de l’Etat, Faure Gnassingbé lors d'une interview à Londres. L’opération devrait permettre de mobiliser 500 millions d’euros (328 milliards FCFA) alors que le pays vient de se faire attribuer ses toutes premières notations souveraines.
La semaine dernière, l’agence de notation financière américaine Standard and Poor’s avait rendu sa copie de l’évaluation de l’économie togolaise, attribuant au pays la note B (Catégorie très spéculative) aussi bien pour sa dette extérieure à long et à court terme en devises étrangères qu’en monnaie locale. « Nous prévoyons que l'activité économique bénéficiera de la récente modernisation d'infrastructures clés, comme l'achèvement de vastes travaux au port de Lomé, qui est actuellement le seul port en eau profonde d'Afrique de l'Ouest, et l'ouverture du nouveau terminal de l'aéroport Gnassingbé-Eyadema en 2016», a déclaré S&P pour soutenir son évaluation.
Un Eurobond garanti par la Banque mondiale ?
Selon le n°1 togolais, les fonds levés (de maturité plus longue) serviront principalement à rembourser une partie de la dette intérieure (à maturité généralement plus courte), dont le service tend à être plus coûteux.
Lomé ouvre la réflexion sur la possibilité de passer par des eurobonds ou un prêt syndiqué ou une institution multilatérale. En dehors d’un eurobond, « nous avons d'autres possibilités », a répondu le Chef de l’Etat. Toutefois l’option d’un emprunt obligataire (eurobond) libellé en euro, la devise européenne, réputée globalement stable et surtout arrimée, en parité fixe, au FCFA, semble plus plausible.
D’un autre côté, la Banque mondiale travaillerait, en ligne avec un nouveau cadre de partenariat Pays (CPP), à octroyer des garanties IDA au Togo pour cette transaction. Un coup de pouce qui pourrait offrir des conditions favorables du marché.
Atténuer les pressions de refinancement
Alors que le Togo croupissait sous une dette publique qui a atteint 82% de son PIB en 2016 en raison des énormes investissements opérés pour la modernisation de ses infrastructures, le pays, soutenu par un programme triennal du FMI à partir de mi-2017, a réussi à réduire en moins de deux ans, sa dette de plus de 10 points de pourcentage. Une performance saluée par le Fonds qui estime que le risque de surendettement extérieur est désormais ‘’modéré’’.
Une fin de chapitre qui coïncide avec l’émergence de pressions de refinancement de la dette intérieure qui s’annoncent en cascade sur les cinq (5) prochaines années, alors que le pays vient de lancer son plan de développement. Le PND dont les investissements globaux sont estimés à plus de 8 milliards $ repose à 65% sur le secteur privé.
22e émetteur africain d’eurobonds ?
En cas d’eurobonds, le Togo rejoindrait ses voisins béninois, ivoiriens, et sénégalais, tous logés dans la catégorie « très spéculative », dans le box des pays de l’Uemoa ayant déjà tenté cet instrument de financement. La plus récente, l’eurobond du Bénin qui a permis au pays de s’offrir 500 millions d’euros.
Selon les données de la Banque d’investissement londonienne axée sur les marchés émergents Renaissance Capital, citée par le Financial Times, le Togo deviendrait ainsi le 22ème pays africain à émettre un eurobond. Jusque-là, ce mode d’émission de titres publics a bien réussi aux pays du continent.
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