(Togo First) - Fabriqués pour la première fois en 2020, les pavés écologiques font partie des produits phares de l'usine autonome en énergie que Nadine Couao-Zotti et Sévérine Kouevi-kokoh veulent bientôt mettre en place au Togo. L'objectif est de lutter contre la prolifération des déchets.
Des jeunes s’engagent de plus en plus contre la prolifération anarchique des déchets au Togo. A l’heure où le pays prend une part active à la Conférence des parties (Cop 27) en Egypte, la gestion des déchets urbains reste un casse-tête, malgré les différents projets mis en place par le gouvernement.
Les pavés écologiques « made in Togo » sont à l’étape de prototypage. Le produit est analysé par l’Université américaine Michigan Technological University. Deux essais sont déjà réalisés et validés par cette université. La première étape a consisté à vérifier le dosage du produit et la deuxième est un test d’absorption d’eau. Les pavés écologiques sont actuellement à l’étape des simulations pour savoir s’ils devront entrer uniquement dans le cadre d’une utilisation domestique ou s’ils peuvent également servir à la réalisation des voies publiques. Pour l'heure, Nadine et Sévérine croisent les doigts. Cette dernière étape va les orienter dans le choix de leur marché. Il s’agit pour le duo d’offrir aux clients des pavés de qualité, qui respectent les normes internationales.
De précieux soutiens
Dans cette aventure, elles sont accompagnées par Célestin Tsala Mbala, un Camerounais spécialisé dans le domaine, qui les aide surtout sur le plan technique. Mais aussi par Paul Cairns, un Canadien qui est le directeur technique d’Energy Generation. C’est d’ailleurs grâce à leurs deux associés que les deux jeunes femmes qui se rêvent entrepreneures à succès, sont parvenues à cette étape de leur projet.
Même si elle a déjà quelques potentiels clients, l’équipe attend de valider toutes les étapes de prototypage avant de lancer véritablement son entreprise. L’objectif est d’arriver à produire des pavés écologiques à la portée de tous les Togolais. « Nos pavés écologiques sont non seulement résistants, mais aussi légers et moins chers, comparés aux autres qui existent déjà sur le marché. Donc on fournit un produit de qualité à moindre coût, pour le rendre plus accessible », précise Nadine Couao-Zotti.
En dehors des tests qui sont réalisés à l’étranger, les associés veulent tout fabriquer localement y compris les machines qui vont alimenter l’usine en énergie et transformer les pavés, pour non seulement réduire les coûts mais aussi promouvoir la consommation locale. Pour lancer l’entreprise, la team cherche d’arrache-pied à mobiliser 7 millions FCFA.
En tout cas, la matière première (les déchets) est disponible à foison pour alimenter l’usine. Dans le Grand Lomé par exemple, 250 000 tonnes de déchets ménagers sont produites chaque année par environ 1,5 million d’habitants. Et les déchets plastiques sont sans cesse jetés dans la rue, malgré l’interdiction par la loi, de la commercialisation et la distribution des sachets et emballages plastiques non biodégradables. Des initiatives comme le Centre d’enfouissement technique d’Aképé sont à encourager. Mis en place depuis 2018, ce centre dont la particularité est de valoriser les déchets, a déjà recueilli un million de tonnes de déchets en 2021. Mais la gestion des déchets au Togo demeure un défi énorme.
Sévérine Kouevi-Kokoh
A 22 ans, Séverine Kouevi-Kokoh poursuit actuellement son cursus en Master au Centre d'excellence régional sur les villes durables en Afrique (Cervida), à l’Université de Lomé. Après une Licence en géographie obtenue en 2021, elle décide de continuer sa carrière dans le domaine de l'environnement. Allergique aux déchets, elle ambitionne de les réduire en les transformant, afin d’en tirer le maximum de profit.
Nadine Couao-Zotti
Après sa licence en commerce international à Cotonou, Nadine a décidé de rentrer au Togo pour poursuivre ses études en management et gestion des entreprises. Elle décroche son MBA en 2021, grâce au programme Business & Energy School d'Energy Generation. Elle est également passionnée par le développement durable et s'intéresse particulièrement à l'environnement et aux énergies photovoltaïques.
De retour d’Accra en 2017 après un court séjour et marquée par la propreté de cette ville, elle décide de lutter contre les déchets à travers de petites actions « comme ne pas jeter ses déchets plastiques dont les sachets d’eau par terre ». Au fil de ses recherches, Nadine s’est rendu compte qu’il était possible de transformer ces déchets en plusieurs objets dont les pavés. A 31 ans, elle croit fortement en cette initiative. « On y croit, on va y arriver. Que le monde soit dur ou pas, la vie, c’est la guerre. On va se battre et c’est sûr qu’on va réussir », affirme-t-elle, conquérante.
En attendant le produit fini en 2023, les deux femmes associent de petits boulots pour joindre les deux bouts.
La rédaction