(Togo First) - A l’heure où le marché de l’emploi est sous pression et devient très exigeant, Youth for Youth s’engage à former les jeunes togolais pour leur faciliter l’insertion professionnelle. Togo First s’est entretenu avec Fahd Abdul Fofana, président fondateur de cette association, basée à Lomé. L’occasion de revenir sur son bilan, ses initiatives pour améliorer l’employabilité des jeunes et ses perspectives.
Togo First : qu’est-ce que Youth for Youth et qui sont ses membres ?
Fahd Abdul Fofana (FAF) : Youth for Youth est une initiative de jeunes professionnels africains qui vise à offrir à la jeunesse africaine, un programme bénévole d’excellence, de partage d’expérience et de renforcement des capacités sur des formations pratiques, concrètes et adaptées aux exigences du monde du travail.
Notre programme couvre une dizaine de modules à savoir : la culture du feedback, le comportement et la discipline dans le monde professionnel, le problem solving, la rédaction administrative, la deliverology, le travail en équipe et la gestion des parties prenantes, le slide making, le professional branding et le storytelling etc.
Les membres de l’association sont des jeunes professionnels dynamiques avec des profils et expertises variés et exerçant dans les secteurs public (Présidence de la République, Primature, Ministères) et privé ainsi que dans les organisations internationales (OCDE, TBI, GIZ, BCEAO, PNUD etc.).
TF : quelle est l'histoire de l'association, comment vous est venue l’idée de créer Youth for youth ?
FAF : Depuis longtemps, la jeunesse togolaise rencontre des difficultés pour s’insérer dans le monde professionnel. Le gouvernement togolais n’a cessé de lui accorder une place importante, avec une multitude d’initiatives de renforcement des capacités. Plusieurs sont les jeunes qui ont bénéficié de ces initiatives mais le besoin est toujours exprimé au regard de la croissance démographique et des exigences du marché de l’emploi.
Ne fallait-il pas avoir des jeunes susceptibles d’inspirer leurs pairs et disposés à transmettre à ces derniers leurs savoirs, leur savoir-faire et leur savoir être ?
Ainsi, Youth For Youth a été fondé en 2021, à Lomé, par un groupe de jeunes professionnels avec des profils très variés et ayant eu l’opportunité de travailler dans des cabinets conseil, des organisations internationales et des institutions publiques et privées. Ils ont quelque chose à partager ! Ils veulent contribuer au renforcement du capital humain et à l’employabilité de leurs frères !
Ils pensent que la motivation de la jeunesse est plus efficace quand elle est initiée par des jeunes et se sont engagés à se mettre ensemble pour offrir à leurs confrères, un programme bénévole de renforcement des capacités.
TF : quels sont vos objectifs et comment travaillez-vous à les atteindre ?
FAF : notre objectif est d’améliorer l’employabilité des jeunes diplômés, afin de les impliquer dans le développement de leurs pays. Pour y arriver nous avons mis en place trois initiatives de formation. Il s’agit notamment du “Skills for Youth” qui offre aux jeunes des formations sur des soft skills pendant une période d’incubation de 3 mois. “Youth Consult” suit la période d’incubation et fonctionne sur le modèle d’une entreprise junior universitaire couplée à un mentorat des séniors avec des prestations de services dans les domaines de compétence des étudiants. Pour l’étudiant, c’est une première expérience professionnelle concrète et pour le client, une opportunité de bénéficier des capacités d’innovation et du dynamisme des jeunes. La négociation de stage vient clôturer la période d’incubation et permet de mettre en pratique toutes les compétences et notions acquises.
Nous organisons également des rencontres ponctuelles et des sessions d’échanges avec les Guest dans le but non seulement d’inspirer et de motiver ces jeunes mais aussi de les encourager à embrasser les filières et les métiers porteurs.
TF : quels sont les principaux défis auxquels l’association est confrontée et comment y faites-vous face ?
FAF : Notre premier défi est lié à la satisfaction de la demande qui devient de plus en plus forte.
Le second porte sur le temps matériel notamment, la conciliation de notre vie professionnelle et la continuité de cette action bénévole.
TF : quels sont les programmes et les initiatives que l’association met en place pour les jeunes et comment sont-ils sélectionnés et mis en œuvre ?
FAF : Premièrement, avec l’appui technique et financier de l’Université de Lomé, nous avons lancé en février 2022 le programme skills for Youth, comme mentionné plus tôt. Ce programme vise à former les étudiants sélectionnés de ladite université sur des soft skills afin d’augmenter leur compétitivité sur le marché de l’emploi.
Pour booster les jeunes femmes inscrites dans les filières STEM [Science, technology, engineering, and mathematics, ndlr] et inciter les autres à s’orienter vers ces filières, nous avons aussi lancé le Skills for STEM Ladies, également en partenariat avec l’Université de Lomé. Cette initiative a été également lancée en partenariat avec l’Ecole Nationale d’Administration en faveur de ses étudiants.
Avec la CNEJ (Coalition Nationale pour l'Emploi des Jeunes), nous avons testé avec succès, une phase pilote de la même formation avec les jeunes professionnels. Nous comptons prochainement étendre ce projet.
Nos critères de sélection portent sur l’Excellence et le Patriotisme. Les candidats sont sélectionnés après un test en ligne et à une séance d’interview avec le collège pédagogique de Youth for Youth.
En dehors des membres, nous disposons d’un pool de formateurs qualifiés qui se mettent à disposition de l’association pour dispenser les modules en fin de soirée ou le week-end.
TF : comment travaillez-vous avec les jeunes pour les encourager à s'impliquer dans Youth for youth et à devenir des leaders dans leur communauté ?
FAF : Pour commencer, l’association Youth for Youth comme son nom l’indique, est une initiative de jeunes qui se mettent au service d’autres jeunes. L’environnement est non seulement inspirant et convivial mais aussi inclusif et participatif, ce qui permet de motiver ces jeunes sans les contraindre.
« On ne naît pas leader, on le devient ». À travers nos différents modules et les partages d’expériences des leaders et personnalités que nous invitons en Guest, nous inculquons à nos jeunes frères et sœurs, la notion du leadership et de la confiance en soi afin de leur permettre de s’affirmer et d’impacter leur communauté.
D’ailleurs, notre formation est gratuite et chaque jeune en contrepartie s’engage à la partager dans sa communauté afin d’avoir un effet d’échelle.
TF : comment votre association travaille-t-elle avec d'autres organisations et partenaires pour atteindre ses objectifs ?
FAF : Nos formations sont bénévoles et nous sommes ouverts à tout partenariat qui vise l’employabilité des jeunes à travers le renforcement du capital humain. Nous avons déjà un pool de partenaires à l’instar de l’Université de Lomé (Togo) qui nous appuie depuis notre création, la CNEJ et l’ENA. C’est l’occasion pour nous de saluer toutes les actions du gouvernement, sous le leadership de SE Monsieur le Président de la République, à l’endroit de la jeunesse.
TF : quels conseils donneriez-vous à d'autres jeunes qui souhaitent créer leur propre association ou s'impliquer dans leur communauté ?
FAF : De prime abord, nous les félicitons pour l’audace et l’initiative car de nos jours ils sont rares à s’y lancer.
Ensuite, nous les exhortons à avoir confiance en eux car la route ne sera pas facile, elle sera semée d'embûches qui leur feront parfois douter d’eux-mêmes mais qu’ils n’oublient pas l’objectif visé et surtout l’impact que cela aura sur leur société/communauté.
Pour finir, nous les invitons à la patience et à la culture de l’Excellence. C’est dans cette dynamique qu’ils atteindront les meilleurs résultats.
TF : Quels sont les projets futurs de votre association et comment les jeunes peuvent-ils s'impliquer et en savoir plus sur ce qu'elle fait ?
FAF : Pour cette année 2023 et au regard du besoin prégnant que nous observons sur le terrain, nous allons passer à l’échelle et intensifier les programmes existants pour atteindre une masse critique de jeunes étudiants.
Nous sommes également à pied d’œuvre pour un lancement imminent d’une cohorte dédiée aux jeunes professionnels.
Enfin, nous sommes sollicités par les étudiants des autres pays africains et nous sommes en pleine réflexion sur comment satisfaire cette demande.