(Togo First) - Le Togo vient de clôturer son Marché international de l'artisanat, événement biennal destiné à mettre en lumière les réalisations et le génie de ses acteurs. A Lomé, une galerie ouverte en plein contexte pandémique s’affirme depuis, comme l’une des principales vitrines de ce secteur qui représente près de 20% du PIB national et agrège plus d’un million de personnes. Togo First y a fait un tour.
Niché à deux pas de l’ancien Hôtel de ville de Lomé, un lieu particulier détonne dans le paysage urbain depuis mai 2021. Murs artistiquement décorés, couleurs vives, portail d’entrée revisité en style traditionnel, et une inscription difficile à rater pour le passant : Galerie d’art Coin du Terroir, Entrée libre.
Propriété privée jadis, le lieu bâti sur deux niveaux a été depuis transformé en un temple de la célébration de la diversité artisanale et culturelle du Togo. A l’intérieur, sculptures, objets d’art et accessoires côtoient les tableaux et autres produits locaux exposés sur les étagères.
En tout, pas moins de 1500 œuvres, englobant un spectre varié de thèmes artistiques, habitent cette galerie au croisement du rustique et du contemporain.
“Mettre en lumière le savoir-faire de nos ancêtres, souvent qualifiés d'illettrés, alors qu’ils sont dotés d’une forme d’intelligence et s’adonnent à l’art de la similitude, c’est tout le sens de ce que nous faisons”, explique la maîtresses des lieux, Justine Edorh.
Des ressources humaines à l’art
L’histoire de cette quadragénaire passionnée devait s’écrire pourtant bien loin du monde de l’art.
Née en 1974 à Accra, elle se forme en secrétariat à Lomé après ses études primaires au Ghana. S’en suivront deux décennies d’activités professionnelles durant lesquelles, elle sera tour à tour rédactrice de journal, hôtesse d’accueil dans une compagnie aérienne, assistante de direction, hôtesse de l’air, assistante administrative, puis directrice des opérations.
Si sa passion pour l’art, en particulier les masques et les bijoux en perles, ne cesse de grandir au fil de ses pérégrinations, c’est en 2019 qu’elle décide de s’y consacrer pleinement en dédiant un cadre qui servira de vitrine à la promotion de toutes les œuvres artistiques et également aux produits locaux. L’ambition, confie-t-elle, est d’ajouter une touche nouvelle à la valorisation du riche patrimoine artistique et culturel dont dispose le pays.
La réalisation de cet idéal prend deux ans, au cours desquelles l’entrepreneure multiplie les contacts, convainc, mobilise, et repense l’aménagement au sein de sa demeure.
Les artisans, dont les œuvres seront exposées sur la base d’une collaboration, font l’objet d’un long et minutieux processus de sélection. “L’un des engagements de la galerie est également de rendre les œuvres d’art accessibles à tous”, explique d’ailleurs la promotrice.
Reconnaissance
Deux ans après, les engagements se sont concrétisés, et la mayonnaise semble avoir pris. Dans les différentes pièces réservées à l'exposition, les sculptures côtoient les tableaux et autres objets décoratifs issus de diverses contrées du pays et du continent.
En dehors de ses murs, la galerie s’est également illustrée, en participant à une douzaine de foires au Togo, au Congo, au Burkina, ou encore en Côte d’Ivoire. Résultat, plusieurs milliers de visiteurs enregistrés depuis 2021.
Renforcer la production locale et s’imposer à l’international
Pour Justine Edorh, il s’agit désormais de capitaliser sur ces acquis, et avancer, malgré les nombreux défis encore rencontrés. L’une des perspectives est d'ailleurs d'établir une unité de production artisanale et artistique locale, qui renforcerait la capacité de la galerie à répondre à la demande de plus en plus croissante.
Également, la promotrice entend se consacrer à la question de l'acheminement des œuvres d'art à l'international, qui occasionnent notamment des coûts de fret considérables, et empêchent le plein rayonnement de l’artisanat togolais à l’étranger.
“Nous pouvons y arriver, nous avons le potentiel”, assure-t-elle.