(Togo First) - “Dans un monde marqué par des tensions et diverses incertitudes, au sein d'une sous-région confrontée à des crises variées et à une montée de l'extrême violence, notre pays, le Togo, a choisi de construire des ponts plutôt que d'ériger des murs, tant sur le plan politique que financier," a insisté Victor Dogbé, Premier ministre, ce jeudi 04 avril 2024, lors de l'ouverture du 1er Forum d'Investissement de la CEDEAO à Lomé.
Plus de 400 participants – décideurs, entrepreneurs, et bailleurs de fonds – se penchent sur une question cruciale : comment transformer les économies de la région dans un contexte mondial et régional difficile ?
Ce rendez-vous de Lomé qui se tient du 4 au 5 avril 2024 survient dans un contexte tendu, marqué par l'annonce choc du retrait des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) de la CEDEAO. Une annonce qui menace de redessiner les alliances économiques et de remettre en question la participation de ces pays au capital de la Banque d'Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC).
La Banque, qui cumule plus de 4 milliards de dollars et 200 projets financés, veut jouer à travers cet événement plusieurs coups : mobiliser et fédérer les investisseurs privés pour que, dérisqués, ils prennent le relais des investissements dans la sous-région alors qu’elle pourrait se retrouver à bout de souffle face aux besoins de plus en plus grandissants, susciter davantage d'intérêts au sein de ses actionnaires qui jusque-là, montrent moins d’enthousiasme en termes d’engagements, faire la cour aux investisseurs non-régionaux qui n’ont toujours pas sauté le pas alors que 30% du capital leur sont destinés, et faire aussi une opération de self-branding pour plus de visibilité. Mais, aussi contribuer aux débats actuels dans la sous-région, dans une perspective d’apaisement.
“Le forum sert de plateforme pour que les investisseurs et les promoteurs convergent, collaborent et livrent des projets transformationnels qui inspirent la croissance économique et positionnent la région de la CEDEAO comme une destination privilégiée pour l'investissement. Investir dans les économies en développement n'est pas juste une question de générer des profits, c'est créer une croissance durable, réduire la pauvreté et bâtir un meilleur futur pour tous”, a détaillé d’entrée George Agyekum Donkor, Président de la Banque.
L'objectif est clair : combler un déficit d'investissement estimé à 12 milliards de dollars par an, vital pour soutenir le développement économique des 15 pays membres, dans un contexte de besoins accrus.
Ainsi, pendant deux jours, les discussions vont graviter autour de thématiques aussi essentielles que la sécurité alimentaire, le développement d'infrastructures durables et l'exploitation de l'économie verte comme levier contre le chômage des jeunes. Autant de sujets qui, loin d'être de simples points à l'ordre du jour, représentent des défis majeurs pour l'avenir d’une région d’Afrique de l'Ouest qui a vu, en 2023, sa croissance ralentir, passant de 3,9 % à 3,7 %, une tendance inquiétante qui met en lumière la fragilité de ses économies face aux chocs extérieurs et internes. L'inflation, ayant atteint un pic de 20 %, contre 17,3 % l'année précédente, soulève tout autant des questions sur la capacité des États à maintenir la stabilité des prix et à protéger le pouvoir d'achat des populations.
Une situation que reconnaît d'ailleurs le Premier ministre togolais : “Nos institutions régionales, souvent perçues par la population comme éloignées des réalités, semblent jouer un rôle limité dans la vie quotidienne des gens, du moins selon cette perception”. La cheffe du gouvernement a salué “ la nouvelle dynamique qui se met en place,” avec ce premier forum, promis à être une plateforme de dialogue et d'action.
“Nous réitérons notre engagement à y contribuer fortement, en particulier en partageant notre expérience et surtout en mettant en avant l'influence forte de son excellence, M. le Président de la République,” a insisté le Premier ministre.
Fiacre E. Kakpo