(Togo First) - Bénéficiant d’un environnement mondial plus favorable qui leur a donné l’espace nécessaire pour introduire des réformes, les 38 pays d’Afrique éligibles aux financements de l’Association internationale de développement (IDA), ont globalement maintenu leur note lors de l’Évaluation des politiques et des institutions en Afrique (CPIA), après une dégradation l’année dernière. C’est ce qu’indique l’édition 2017 du rapport CPIA, publié ce mercredi 12 septembre.
La note moyenne attribuée aux 38 pays africains éligibles aux financements de l’IDA, s’établit à 3,1. L’Afrique subsaharienne est donc légèrement en dessous de la moyenne des autres pays bénéficiant de l’aide de l’IDA, qui ressort à 3,2, note la Banque mondiale.
Avec un score de 3,1, soit une amélioration de 0,1 points en 2017, le Togo fait partie des pays d’Afrique éligibles aux financements de l’IDA, ayant progressé dans le renforcement de la qualité de leurs politiques et institutions publiques.
Publié chaque année, le rapport CPIA attribue une note à chacun des pays admissibles au soutien de l’IDA. Ces notes qui reflètent la qualité du cadre politique et institutionnel d’un pays, se composent de 16 critères réunis en quatre groupes, à savoir : la gestion économique, les politiques structurelles, les politiques de lutte contre l’exclusion sociale et de promotion de l’équité et la gestion des institutions du secteur public.
Dans ces différentes catégories, le Togo a respectivement obtenu les notes suivantes: 3,2 points, 3,2 points, 3,4 points et 2,8 points.
Rapportées à l’évaluation de 2016, il s’agit d’un résultat satisfaisant, qui cache le chantier colossal de reformes à entreprendre pour assainir l’environnement macro-économique.
Se référant au score par catégorie, il est à noter une amélioration de 0,4 points de la gestion économique. Les politiques structurelles sont restées stables ainsi les politiques de lutte contre l’exclusion sociale et de promotion de l’équité. Dans le même sillage, le CPIA relève une progression de 0,1 sur la gestion des institutions du secteur public.
La gestion économique : la carotte et le bâton
Crédité du même score que la moyenne des pays d’Afrique Subsaharienne (3,2), le Togo devra renforcer sa politique et sa gestion de la dette. La dette togolaise a grimpé de façon vertigineuse jusqu’en 2016. Bien que le document note une nette amélioration de son évaluation de 0,5 points par rapport à 2016, d’autres actions majeures doivent être engagées pour corriger le tir. Dans cette optique, la Banque annonçait quelques mois plus tôt, une mission sur Lomé en vue d’accompagner le gouvernement dans sa gestion de la dette.
En ce qui concerne la gestion des institutions du secteur public, le Togo doit encore progresser. Sur cet aspect, depuis 2018, des actions concrètes ont été menées pour niveler les indicateurs du pays. Des reformes comme le nouveau code foncier, le nouveau code des impôts qui entrera en vigueur dès 2019 ou le nouveau code des douanes, ont été adoptés au parlement. Toute cette série de reformes pourrait permettre au pays d’Afrique de l’Ouest d’engranger quelques points dans la prochaine édition du CPIA.
Le volet social et environnemental : un point positif
Le Togo affiche de bons résultats sur le volet social et environnemental. Le rapport note un score de 3,4 contre une moyenne subsaharienne de 3,2, en matière de Politiques de lutte contre l’exclusion sociale et de promotion de l’équité. Dans cette catégorie, l’institution basée à Washington avait félicite les autorités pour les nombreuses reformes axées sur la durabilité écologique introduites sur les dernières années. Au niveau de l’équité dans l’utilisation des ressources publiques, le rapport crédite le Togo de 3,5 contre 3,2 dans la région. En dépit de cette performance sur le volet social et environnemental, le pays devra encore progresser sur les questions ayant trait à la valorisation de ses ressources humaines. Sur cet indicateur, le Togo est toujours en retard sur ses voisins africains.
Les politiques structurelles
Sur le plan structurel, où le pays a moins de marge de manœuvre, le score qui est de 3,2, est surtout tributaire des normes régionales. Le Togo étant membre des regroupements d’intégration économique sous-régionaux tels que l’Uemoa et la Cedeao. Le CPIA 2017 évalue favorablement les réformes introduites dans le commerce togolais jusqu’en 2017. Les mesures visant à simplifier les procédures en matière de commerce extérieur trouvent bon écho au sein des experts de l’institution de Bretton Woods. Sur cet indicateur, le pays détient l’un des meilleurs scores d’Afrique. Un peu comme sa bonne cote sur le plan des politiques monétaires et de change, ce résultat est aussi dû à son appartenance à ces regroupements économiques et douanières.
Evolution sur les 10 dernières années
L’évolution des notes de la CPIA du Togo de 2008 à 2017, montre une amélioration de 0,4 points de sa note globale, portée par les progrès réalisés dans la gestion économique, les politiques de lutte contre l’exclusion sociale et de promotion de l’équité, la gestion et institutions du secteur public. Cependant, sur la décennie, note le rapport annuel de la Banque mondiale, les politiques structurelles stagnent.
Notons que le Rwanda a continué d’être en tête du classement, à l’échelon régional et mondial, en obtenant une note de 4. Parmi les autres pays bien placés dans le classement régional, on trouve le Sénégal, avec la note de 3,8, suivi de près par le Cap-vert, le Kenya et la Tanzanie, qui obtiennent tous les trois la note de 3,7.
Pour rappel, le CPIA est un outil qui permet à la Banque mondiale, à travers l’IDA, d’augmenter le montant des financements concessionnels octroyés au pays. Il s’agit également d’un excellent instrument pour élaborer et suivre les politiques publiques.
Fiacre E. Kakpo