100 000 emplois directs par an. Un million d’emplois (directs et indirects) sur cinq ans. Le pari du gouvernement semble osé, ambitieux, et peut être perçu comme un vœu qui ne se voit que pieux. Comment financer la création de ses emplois ? de quels types d’emplois s’agit-il ? durables ? décents ? ou temporaires ? L’ambition suscite des interrogations, tant, en cinq ans, le Togo pourrait déjà résoudre l’épineux problème du chômage.
Dans tous les cas, du côté du gouvernement la volonté semble ne pas chômer. Mais, faut-il la transformer en réelles actions à portée concrète. Le Togo a-t-il les moyens de son ambition dans le contexte actuel? La question reste entière.
Aux inquiétudes qui pourraient émerger, Lomé a déjà presque répondu : « l’ambition politique et volontariste du gouvernement fondée sur des perspectives réalistes en terme d’emplois décents et durables pourrait situer le nombre d’emploi à générer sur la période 2018-2022, sur la base d’un taux de croissance moyen de 6,6%, à un minimum de 500 000 emplois directs, soit au moins 100 000 emplois directs par an. »
Et de plus beau : « En y ajoutant les effets diffus qui pourraient générer des emplois indirects, les ambitions sont d’au moins 1 000 000 d’emplois (directs et indirects) sur la période 2018-2022 en raison de 200 000 emplois en moyenne par an ».
Des secteurs à fort potentiel d’emplois ciblés
Le Togo ambitionne, et a d’ailleurs, le 03 août dernier, à l’issue d’un Conseil des ministres tant attendu, mis sur orbite son Plan national de développement (PND 2018-2022). Un document de près de 200 pages, qui fait dans un premier temps, l’état des lieux de l’économie togolaise après la mise en œuvre de la Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l'Emploi (SCAPE).
Ce programme d’actions aura permis de moderniser les infrastructures de logistique, faisant du pays le 12e, en termes d’infrastructures de transport en Afrique, selon le dernier Indice Mo Ibrahim sur la gouvernance.
Le PND dresse sur trois axes stratégiques, les prochains chantiers sur le prochain quinquennat. Ambitieuse, cette feuille de route, qui continue de recevoir des soutiens tous azimuts, est très attendue à l’étape d’exécution. Les prémices sont déjà visibles, avec le lancement de la construction d’une centrale thermique de 65 Mw. Siemens qui s’occupera de la maintenance a récemment confié à Togo First qu’il utilisera fortement la main d’œuvre locale.
Sous son cadrage et son impulsion, le PND qui annonce un nouveau paradigme axé sur une prépondérance des investissements du secteur privé (65% des investissements globaux) ambitionne de transformer structurellement et profondément le pays.
Dans sa conception, le PND cible des secteurs pourvoyeurs d’emplois et mise sur le secteur privé pour jouer un rôle catalytique. Le secteur privé local et étranger, fortement invité à proposer des projets, devrait jouer la plus grande partition dans la création du million d’emplois visés par le gouvernement. Hub logistique, parcs industriels, centre financier de première classe, infrastructures, énergies renouvelables, agropoles, industries manufacturières, tourisme ou encore le numérique, des niches à fort potentiel d’emplois devraient permettre aux autorités togolaises d’atteindre leurs objectifs, en ligne avec la vision 2030.
Toutefois, le programme pourrait rencontrer les vieux obstacles connus, et très souvent décriés. L’inefficacité de l’administration publique a été abondamment citée par Mo Ibrahim et le MCC dans son dernier rapport.
Pour le mieux, l’environnement des affaires semble s’améliorer à coup de réformes incitatives, en témoigne le dernier Doing Business. Un exceptionnel bond de 19 places du Togo qui place la « petite Suisse d’Afrique », 4e économie la plus attractive pour les investissements dans la Cedeao, un ensemble de plus 350 millions de consommateurs.
En attendant que le PND atteigne sa vitesse de croisière, le Togo poursuit son opération de charme auprès des investisseurs en vue de mobiliser les ressources financières et techniques pour satisfaire ses ambitions.
Fiacre E. Kakpo