Kossi Elom Lovenou : « Ma vision, c’est de créer une marque de chaussures typiquement togolaise… ».

Gouvernance économique
vendredi, 20 avril 2018 14:24
Kossi Elom Lovenou : « Ma vision, c’est de créer une marque de chaussures typiquement togolaise… ».

(Togo First) - Chaque entrepreneur a une histoire. Celle de Kossi Elom Lovenou, promoteur de l’Etablissement Elégance Plus-LD, illustre la force de la vision sur certains choix. Civilisationniste nanti d’un diplôme universitaire en allemand, Kossi Elom Lovenou, n’ouvre pas un cabinet de traduction. Il change carrément de cap, poussé par une vision, celle de jouer dans la cour des grands maroquiniers du monde, à commencer par son pays le Togo où il a détecté un  réel besoin en matière de chaussures et de ceintures de qualité. Par-dessus tout, il veut innover en mettant en place une marque de chaussures « made in Togo ».

Son couronnement en tant que « Meilleur Entrepreneur 2017 » dans la catégorie des Microentreprises lui donne des ailes supplémentaires. Le profil de ce jeune entrepreneur pétri de talents nous a fascinés. Allons tous à sa découverte au travers de cette interview qu’il a bien voulu accorder à la rédaction de Togo First.

TF : Vous venez d’être sacré Meilleur Entrepreneur 2017 dans la catégorie « Microentreprises » par le FAIEJ et le PRADEB. Livrez-nous vos sentiments.

K.E.L : C’est un sentiment de joie qui m’anime; je sens  que mes efforts depuis des années ont été récompensés. Nous n’avons pas commencé avec le PRADEB. C’était par nos propres efforts. Avec le PRADEB, nous avons noté une nette évolution. Le concours nous a montré que nous faisons vraiment du bon travail. L’année passée (ndlr : en 2016), j’avais postulé mais ça n’avait pas donné grand-chose. Après, je me suis remis en cause, j’ai analysé mes forces et mes faiblesses et j’ai redoublé d’efforts. Donc cette année en postulant, j’avais confiance en moi et j’étais sûr que, quelle que soit la situation, j’allais gagner…Et Dieu aidant, j’ai décroché le premier prix dans la catégorie « Microentreprises ».

TF : Déjà une idée du projet autour de l’enveloppe financière (800 000 FCFA) que vous avez eue ?

K.E.L : Ce prix que j’ai gagné, je le réinvestis dans le projet de développement de ma structure. Avec ce fonds, je vais acquérir de nouvelles machines, plus perfectionnées et sophistiquées. Nous voulons lancer une nouvelle marque de chaussures au Togo. Nous avons encore besoin de nouvelles machines pour les confectionner. Dans le projet de développement que j’ai soumis, j’’ai souligné ça. J’ai prévu que si j’arrivais à gagner ce prix, j’allais acquérir de nouvelles machines, comme par exemple la machine à tampons qui me permettra de griffer notre marque sur les chaussures et à l’intérieur des ceintures et des sacs que nous allons fabriquer. Entre autres il y a aussi la machine à brosser ou la machine à cirer dont nous aurons besoin aussi. Là aussi, il y a ce que nous appelons machine à coudre professionnelle électrique  grâce à laquelle nous allons faire des coutures esthétiques sur les chaussures. Elle nous permettra par exemple de faire de petits fils  et de gros fils. Nous avons déjà acquis la machine à coudre électrique professionnelle qui coud  à deux fils égaux, de l’ordre de quatre cents mille (400 000) FCFA. Nous allons aussi acheter des matières premières comme les peaux de pêche à trois cents mille (300 000) FCFA pour lancer la production des chaussures que nous allons fabriquer.

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« Ce prix que j’ai gagné, je le réinvestis dans le projet de développement de ma structure. »

 

TF : Dites-nous un peu comment vous êtes arrivé à la cordonnerie, la maroquinerie et autres

K.E.L : Pour être entrepreneur, il faut d’abord découvrir un besoin et ensuite chercher à le satisfaire. J’ai donc découvert le  besoin en chaussures de qualité ; c’est ce qui m’a amené à me lancer dans la recherche de techniciens performants pour pouvoir satisfaire ce besoin et celui du manque de professionnalisme dans la cordonnerie. Nous avons commencé  en 2013 ; j’ai pu trouver des techniciens vraiment performants avec qui j’ai travaillé et de jour en jour, nous améliorons nos prestations et la qualité de nos produits par rapport à la demande des clients. En 2015, nous avons pu rencontrer le PRADEB à qui nous avons soumis nos dossiers. Après, ils nous ont formés en création d’entreprises au prime abord. Plus tard, nous avons reçu une autre formation sur la gestion des microentreprises.

Après toutes ces formations, nous avons soumis notre plan d’affaires. C’est à l’issue de cela que nous avons été sélectionnés et nous avons été financés à hauteur d’un million deux cents mille (1 200 000) FCFA. Quand on se battait seul, on n’avait pas la possibilité de produire beaucoup. Mais quand on a eu ce fonds, la production a été boostée et nous arrivons à nous approvisionner même de l’extérieur en matières premières. Parfois, on va au Nigeria ou au Ghana pour avoir des matières premières de qualité alors qu’auparavant, on n’avait pas cette possibilité.

TF : Vous avez appris la cordonnerie et la maroquinerie avant de penser à vous mettre à votre propre compte ?

K.E.L : En fait de par ma formation, je suis civilisationniste ; j’ai fait l’Allemand au Campus (Ndlr : à l’université). Mais la vision, c’est autre chose. Après avoir découvert le besoin en chaussures de qualité et autres, j’ai fait une formation en dessin appliqué à la cordonnerie. Du coup, je me suis associé avec les professionnels, les techniciens du montage. Nous arrivons à reproduire des modèles européens. C’est-à-dire qu’il y a des clients qui nous viennent avec des photos et qui demandent  que nous les leur confectionnions. Ce qui est intéressant, c’est qu’avec nos techniques, nos dessins et nos techniciens, on arrive à reproduire ces modèles. Nous créons aussi nous-mêmes de nouveaux modèles. Ce qui fait que tout le temps, nous avons de nouveaux clients.

TF : Parlant justement des clients, dites-nous comment ils accueillent vos produits.

K.E.L : Les clients sont toujours satisfaits de nos produits à cause de notre créativité. Quand ils viennent, on constate que chaque client a sa particularité. Tel dit : fais-moi ci, fais-moi ça. Et quand nous lui livrons le produit, il est satisfait. Je dois dire que les Togolais s’intéressent à nos produits et les consomment bien. Au début, il y avait un problème de qualité et de finition. Maintenant que nous sommes arrivés à résoudre ce problème,  nous gagnons chaque jour des marchés. Les clients viennent chaque jour. La preuve, nous réalisons jusqu’à 800 000 FCFA ou 845 000 FCFA comme chiffre d’affaires mensuel.

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« Et quand nous lui livrons le produit, il est satisfait. »

 

TF : Parlez-nous de vos perspectives sur dix ans

K.E.L : La première, c’est de créer une marque de chaussures typiquement togolaise et avoir un grand centre de formation en cordonnerie pour pouvoir former ceux qui s’intéressent au métier. Nous  avons aussi pour ambition de nous associer avec les grands de ce monde dans le domaine, qu’ils soient de l’Italie, de la France ou d’ailleurs. Déjà, nous avons commencé le partenariat avec une grande structure d’Italie. Un cadre de la société occidentale est passé nous visiter à notre siège ici. Nous verrons quel type de partenariat gagnant-gagnant nous pourrons signer avec eux.

TF : Que pourriez-vous conseiller à un jeune actuellement en quête d’emploi ?

K.E.L : A un jeune qui cherche un emploi ou qui, généralement cherche sa voie, je dirai que ce n’est pas facile… mais que l’entreprenariat est une voie royale pour l’accomplissement de soi. S’il croit en lui-même, il peut y arriver.  S’il croit en lui-même et fait preuve d’un dur labeur, il peut y arriver. Il y a des jeunes qui se demandent « est-ce que je peux entreprendre ? ». Non, il y a tellement d’opportunités, tellement de besoins dans le pays. Ils peuvent faire les sondages, recenser les besoins et chercher à proposer des solutions. Par ailleurs, il faut qu’ils misent sur des besoins qui ne sont pas à court terme, mais des besoins permanents. Par exemple, en maroquinerie, l’intérêt c’est que c’est un projet à vie. Les gens ne cesseront jamais de se chausser. Donc qu’ils essaient aussi de recenser des besoins permanents et qu’ils y trouvent de bonnes solutions ; alors ils deviendront de bons entrepreneurs.

Entretien réalisé par Séna Akoda

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