Togo : Comment la facture pétrolière a plombé la balance commerciale

Gouvernance économique
mardi, 23 août 2022 11:42
Togo : Comment la facture pétrolière a plombé la balance commerciale

(Togo First) - Sous forte pression depuis la crise sanitaire qui a fait tourner l’économie mondiale au ralenti, le déficit commercial (services y compris) du Togo s’est dégradé à nouveau en 2021, se creusant de plus de 21% à 467,5 milliards FCFA (10% du PIB), malgré une bonne tenue des exportations dans un contexte de reprise économique, marqué par la flambée des cours des produits pétroliers. 

Concrètement, les exportations togolaises sont passées de 695 milliards FCFA à 748,6 milliards FCFA, soit une augmentation de 7,7%. Cette hausse a été surtout tirée par une progression importante des ventes de coton qui, après avoir sous-performé en 2020, tombant à 36,5 milliards FCFA en raison de la Covid-19 et de la baisse globale de la production nationale, ont rebondi en 2021, atteignant 51,6 milliards FCFA. 

Insuffisant tout de même pour couvrir une hausse plus importante de 12% des importations qui se sont établies à 1 257,5 milliards FCFA, induite par la facture pétrolière qui s’est envolée. Les produits pétroliers, en hausse de 58%, ont coûté 261,4 milliards FCFA, soit plus de 96 milliards FCFA de plus qu’en 2020.

Alors que la crise sanitaire liée à la Covid-19 a bloqué les chaînes d’approvisionnement mondiales, surtout maritimes, les logisticiens à destination du Togo, sont l’une des principales victimes du renchérissement des coûts du fret maritime.  Les factures du fret global et des assurances ont augmenté de 12% à 302 milliards FCFA. L’impact s’est légèrement ressenti sur la balance des services qui a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis 2019, passant de 94,5 milliards FCFA d’excédent à 41,3 milliards FCFA fin 2021. 

Cette conjoncture peu favorable s’est poursuivie depuis le début de cette année 2022, et a été exacerbée par la crise russo-ukrainienne qui a alimenté une inflation galopante. Notamment sur les produits alimentaires, pétro-gaziers, dans un contexte de production cotonnière nationale en dégringolade, et d’une facture des importations qui devrait être salée. 

En cause, la baisse criante du cours de l’euro, devise à laquelle est arrimé le franc CFA, face au dollar américain, monnaie dans laquelle se libellent la plus grande partie des importations togolaises notamment les hydrocarbures.  Aussi, les ventes de phosphate et de coton, principales sources de devises du pays, ne devraient-elles suffire à combler le gap occasionné par l’envolée des prix des produits pétroliers.  

Fiacre E. Kakpo

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