(Togo First) - Annoncée en juin dernier par Robert Dussey au lendemain de la visite de Wu Peng, Directeur général du département chinois des affaires africaines, l’annulation d’une dette arrivée à échéance fin 2021, mais que le Togo restait devoir à la Chine, a été confirmée jeudi 18 août dernier par Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères.
Si le montant réel n’a pas été communiqué par les autorités chinoises, Robert Dussey, le ministre togolais des Affaires Etrangères avait indiqué dans un tweet en date du 29 juin 2022, que cette remise de dette concernait un total de “16 millions de Yuans Renmimbi, soit 1,5 milliard Francs CFA de dettes sans intérêts, arrivées à échéance en 2021”.
Je remercie M. Wu Peng, DG Afrique et SG du comité de suivi du #FOCAC pour l’Annulation de 16 millions de Yuans Renmimbi, soit 1,5 milliards de francs CFA, de dettes de prêts sans intérêts arrivées à échéance en 2021. ??. @MFA_China pic.twitter.com/qwQiKadtBW
— Robert Dussey (@rdussey) June 29, 2022
Aux côtés du Togo, 16 autres pays devraient bénéficier de ce coup de pouce de la Chine. L’initiative est un tour de force visant à convaincre qu'il n'y a pas de « piège de la dette chinoise » alors que le géant asiatique est accusé par les puissances occidentales, avec à leur tête les Etats-Unis, d’avoir alourdi la dette des pays africains à coups de prêts peu avantageux. Accusations que Pékin rejette d’emblée.
« Les prêts accordés par la Chine disposaient de taux d’intérêt fixes et inférieurs aux taux commerciaux et aux taux des prêts accordés par la Banque africaine de développement (BAD), qui se situent généralement entre 4 et 10 % », a défendu Wang Wenbin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères (MAE).
De son côté, Wang Yi défend un partenariat chinois gagnant-gagnant plus que généreux sur le continent en matière de mesures d’assouplissement de la dette africaine. Ainsi, selon le diplomate, entre 2000 et 2019, 3,4 milliards $ de dette avaient été annulées et environ 15 autres milliards $ dont 5,7 milliards FCFA en 2020, restructurées dans le cadre du plan d’allègement de la dette du G20 pour les pays pauvres. Initiative dont a bénéficié le Togo sur ses engagements envers Eximbank China, premier créancier extérieur du pays, devant des institutions comme le FMI (200 milliards FCFA) et la Banque mondiale (152 milliards FCFA - IDA).
Du côté de Lomé, on justifie la forte exposition du pays à Eximbank : « Il faut relever que les financements d'Eximbank Chine ont permis de réaliser de grands travaux d'infrastructures, notamment le projet de réhabilitation et d’extension de l'Aéroport international GNASSINGBE Eyadema et l'aménagement de voies de contournement au Togo ». Avec des financements au taux fixe de 2% sur 20 ans, assortis de 7 ans de différé, les caractéristiques officielles de la dette due à l’Eximbank chinois restent toutefois meilleures par rapport aux plus de 4,5% facturés par le Français Société Générale ou le Japonais MUFG Bank, deux autres prêteurs commerciaux du Togo.
De fait, il s’agit de prêts de type commercial, mais sous des conditionnalités presque concessionnelles, qui du côté de Lomé, donnent de l’eau à la bouche. D’autant que les autorités locales ne manquent pas d’afficher leur intention de recourir à nouveau à ces financements chinois, qui se raréfient sur le continent, pour plusieurs projets dont le dédoublement de la nationale N°1, corridor charnière pour desservir les pays de l’hinterland, alors que Lomé veut renforcer sa position de hub logistique sous-régional.
Fiacre E. Kakpo