(Togo First) - Après le Nigeria, le Ghana, la Sierra Léone, le Burkina, le Niger, le Sénégal, et récemment le voisin béninois, le Togo procède également au rebasage de ses comptes nationaux. Le pays dont le secteur informel tient une place de choix dans l’économie, s’engage ainsi dans un exercice de mise à jour statistique de la photographie de l’économie.
Pour l’agence de notation financière Standard and Poor’s (S&P), cette opération « devrait permettre de mieux prendre en compte certaines activités qui sont mal évaluées ou qui ne sont pas incluses dans les comptes nationaux courants. »
Avec la Côte d’Ivoire et le Mali, le Togo est à un stade avancé dans le processus de rebasage. Ainsi, 2016 a été retenu comme année de base et ce changement se fera accompagner de l’intégration de toutes les activités existantes comme émergentes, qui n’étaient pas couvertes ou insuffisamment prises en compte. Il s’agit surtout de capturer le PIB du secteur informel, qui emploie selon des chiffres non-officiels, près de 80% de la population active.
Pour rappel, c’est à la faveur d’une opération de rebasage de son PIB, qui a été dans la foulée dédoublé, que le Nigeria est devenu la première économie d’Afrique en 2014. Plus récemment, le Kenya ayant suivi, a gagné 25% de PIB, alors que la Gambie surendettée, a réussi à abaisser sensiblement son ratio d’endettement.
Dans l’Uemoa, cinq pays sur huit ont révisé les méthodes de traitement des comptes nationaux et redéfini l’année de base.
Au Bénin où la nouvelle année retenue est l’année 2015, le rebasage a conduit à une réévaluation de PIB de 36,4% pour 2015. Au Burkina Faso, le PIB de 2015 a été réévalué de plus de 13%. En Guinée-Bissau, la richesse nationale a été révisée de 10% à la hausse, tandis qu’au Niger, les travaux effectués avec 2015 comme nouvelle année de base, en remplacement de 2006, ont conduit à une réévaluation du PIB de 2015 de 33,3%. Au pays de la Téranga (Sénégal), la nouvelle date de base est l’année 2014 en remplacement de l'ancienne qui était 1999, et la richesse générée en 2014 a été revue à la hausse de 29,6%.
Selon une étude menée par l’Uemoa, la « rénovation » des comptes nationaux des Etats membres a permis de réduire les ratios de déficits budgétaires et des taux d’endettement. A contrario, elle s’est traduite par une baisse des taux de pression fiscale.
Au Togo, c’est l’Institut de la Statistique, l’INSEED qui pilote le processus.
Fiacre E. Kakpo