(Togo First) - Au Togo, Komi Medzessiwo Nyaledome se distingue par sa trajectoire plus ou moins particulière. Titulaire d'une licence en Histoire, le jeune entrepreneur est aujourd’hui un aviculteur à succès. Découverte.
A Zanguéra (Golfe 5) dans la banlieue de la capitale, deux fermes distantes de 500 mètres l'un de l'autre détonnent dans le décor. A l’intérieur, plusieurs milliers de tête de poules, toutes couvées avec le même amour par un homme : Komi Medzessiwo Nyaledome.
Trois poules et un coq
Si la fibre avicole découle d’une tradition familiale, c’était loin d’être gagné, deux décennies plus tôt. L'odyssée avicole de Nyaledome débute en effet en 2005, dans la foulée de l'obtention d’un baccalauréat scientifique. Le jeune entrepreneur se lance dans un parcours académique supérieur à l’Université de Lomé, tout en gardant dans un coin de la tête, l’ambition de monter un projet. : « Pendant que je poursuivais mes études à l'Université de Lomé, je me passionnais pour cette activité avicole », confie-t-il.
Quelques années plus tard, sa Licence en poche, l’idée prend forme, lorsqu’il saisit une opportunité offerte aux jeunes diplômés sans emploi. Il postule et à sa sélection, bénéficie d'une formation en aviculture et en gestion de micro-entreprises à l'INFA de Tové.
"Nous étions alors sous l'illusion que l'emploi viendrait de l'extérieur. Cependant, la réalité, telle qu'exposée par nos formateurs, nous a rapidement rattrapés. Ils nous ont fait comprendre que nous devions être les artisans de notre propre destin, créateurs d'opportunités non seulement pour nous-mêmes mais également pour autrui", se souvient-il.
Il initie alors son projet avec une modeste installation comprenant trois poules et un coq à Wonyomé (Golfe 5), qui connaîtra une croissance rapide et fructueuse.
Il se consacre alors pleinement à l'aménagement et à l'entretien de son modeste élevage, observant une reproduction aviaire remarquable. « À ma propre surprise, des clientes me sollicitaient pour l'achat de poules et d’œufs. Peu à peu, j’ai assisté à une augmentation significative du chiffre d'affaires lié à mes ventes », précise-t-il.
Dans la foulée, un concours est organisé à l'issue de la formation, visant à récompenser les projets d'entreprise les plus prometteurs. Nyaledome y participe, présentant un ambitieux projet de développement dans le secteur avicole. L’initiative retient l'attention du jury et fait mouche : un financement initial d'un million de FCFA pour amorcer la phase de lancement, et consolider le début prometteur de son aventure entrepreneuriale. “L’élevage constitue ma mission dans cette vie”, déclarera-t-il, convaincu désormais d’avoir trouvé sa voie.
De poulets locaux, il en arrive aux pondeuses plus rentables, selon le marché togolais. Là encore, le succès ne s’est pas fait attendre. Il raconte : “Le 25 décembre 2012, j’ai officiellement lancé la première vague de mon poulailler”. 2 ans plus tard, le nombre augmente. Sa société "Mon nid d’Oiseau", avec ses 300 pondeuses, obtient de beaux résultats, mais reste confronté à des défis techniques et financiers.
Il bénéficie alors du soutien de son père, lui-même connaisseur du milieu, qui lui apporte terrain, expertise et aide financière.
Le FAIEJ, ou le tournant décisif
En 2016, l'entreprise de Nyaledome connaît un tournant décisif, grâce au Fonds d’appui aux initiatives économiques des jeunes (FAEIJ). Grâce un appui technique essentiel, et surtout une enveloppe bancaire de 2,5 millions FCFA, l’entrepreneur consolide l'expansion de son activité entrepreneuriale.
Grâce à ces ressources, Nyaledome réussit à augmenter de manière significative son cheptel avicole, passant de 600 volailles à un impressionnant total de 3 000 têtes de divers âges à la fin 2019. C’est l’envol. "Mon nid d’Oiseau", revendique alors un effectif de 13 employés, et un chiffre d’affaires de 5 millions de FCFA.
Mais le coup de pouce du mécanisme gouvernemental ne s’arrête pas là, puisque la jeune structure continue de bénéficier du réseau, de l'accompagnement technique et professionnel offert par le Fonds, jusqu'au remboursement total de son crédit.
“Le FAIEJ m’a permis d’entrer en contact avec les entrepreneurs dans la même chaîne de valeurs que mon activité, que ce soit les producteurs de soja, de soja, etc.”, précise-t-il.
Les bonnes nouvelles continuent d’affluer, puisque dans la même année, Nyaledome se distingue en tant que troisième meilleur jeune entrepreneur dans la catégorie des très petites entreprises, à la suite d’un nouveau concours national. Rapidement, un solide dossier de financement à hauteur de 20 millions FCFA est été constitué auprès d’Ecobank, avec l’appui du FAIEJ et du Ministère en charge de la jeunesse.
Les fonds, mis à disposition deux ans plus tard, propulsent définitivement l’entreprise dans une nouvelle dimension. À l'aube de l'année 2024, la jeune pousse affichait un effectif de 17 collaborateurs, dont 7 occupant des postes permanents. Surtout, le chiffre d’affaires explose, excédant les 50 millions FCFA en 2023.
Cap sur l’industrialisation
Fort de ces excellents résultats, Nyaledomé voit désormais plus grand. Et pour cause, les deux deux sites d’élevage, approuvés et reconnus par le ministère compétent, abritent 2000 poules pondeuses et se spécialisent dans une gamme de productions diversifiées, comprenant à la fois des poulets de chair et des œufs de consommation, mais sont maintenant trop petits, face aux besoins.
Prévoyant, Nyalédomé a acquis au pied levé un terrain de 2 hectares à Kévé, dans la préfecture de l'Avé. Objectif, transférer progressivement au cours de l’année les activités sur le nouveau site, et agrandir les horizons.
Outre l'élevage avicole, Nyaledome planche déjà sur le maraîchage, avec la culture d'ananas et de papayes. Un cycle vertueux bien dessiné, et où les déjections de son cheptel avicole, serviront d'engrais naturels, enrichissant ainsi la fertilité des sols de ses cultures.
“J’ai l’intention de passer le cap des 15.000 têtes de volailles. Ce ne sera pas difficile, si nous maintenons l’engagement et le niveau d’exigence. J’aimerais que mon parcours inspire les jeunes entrepreneurs ”, assure-t-il, avant de lancer un appel aux jeunes à rejoindre ce domaine où, “la ténacité, la force psychologique, la rigueur, et l'honnêteté”, doivent être les principales forces.