(Togo First) - C’est dans la ville des sept collines, Atakpamé, qu’a été donné le coup d’envoi des ateliers de présentation de la stratégie de marketing territorial du Togo, le jeudi 30 janvier 2025, par Manuella Santos, ministre de l’Industrie et de la Promotion des Investissements. Portée par le Ministère de l’Industrie et de la Promotion des Investissements (MIPI), avec l’appui de la GIZ, cette initiative entend transformer cinq villes stratégiques – Atakpamé, Kpalimé, Blitta, Kara et Aného – en de véritables pôles d’attractivité économique et touristique.
Le gouvernement togolais veut en finir avec la centralisation du développement à Lomé, où se trouvent plus de 60 % des entreprises togolaises et 71 % des emplois, selon les données de l’IFC. Par cette stratégie de marketing territorial, l’exécutif togolais ambitionne de structurer la promotion des atouts régionaux et d’attirer de nouveaux investisseurs. En mobilisant des ressources pour renforcer les infrastructures, valoriser les filières économiques porteuses et dynamiser le tourisme, ce programme s’inscrit dans une vision à long terme.
Le programme, qui s’étale jusqu’en 2029, prévoit la mise en place d’initiatives dans les cinq villes ciblées. Parmi les mesures phares, la création de zones économiques spéciales (ZES), le développement d’un réseau de circuits touristiques et l’implantation d’unités industrielles adaptées aux spécificités locales. Kpalimé, Blitta, Kara, Atakpamé et Aného se voient ainsi attribuer un positionnement stratégique et des objectifs différents.
Kpalimé : du tourisme vert à l’agro-industrie
Réputée pour ses paysages verdoyants, ses cascades et son artisanat, Kpalimé peine encore à structurer son offre touristique. Le projet va tenter de la doter d’infrastructures hôtelières modernes, d’aménager des sentiers écotouristiques et de valoriser ses sites naturels comme les monts Kloto et les cascades de Womé. Les autorités comptent également renforcer l’appui à la transformation locale des productions agricoles, notamment le café et le cacao, qui restent exportés à l’état brut.
Kara : un pôle de formation et d’agro-industrie en devenir
Avec son université et ses institutions techniques, Kara veut capitaliser sur son potentiel éducatif pour former une main-d’œuvre qualifiée adaptée aux besoins de l’industrie agroalimentaire, d’autant que la ville du nord du pays abrite déjà un projet de développement d’une agropole, en phase pilote. L’objectif est d’y développer des unités de transformation pour les cultures phares de la région : céréales, karité, soja et coton. Le plan prévoit également l’installation d’une centrale solaire destinée à répondre aux besoins énergétiques croissants et à garantir une alimentation stable aux industries locales. L’idée est de faire de Kara, un moteur de croissance pour le nord du Togo, en mettant l’accent sur la formation, l’industrialisation et l’innovation, résume-t-on.
Aného : entre écotourisme et valorisation du patrimoine historique
Aného, ancienne capitale coloniale, mise sur son histoire et son cadre naturel pour se repositionner comme un pôle touristique. Le gouvernement entend restaurer plusieurs sites emblématiques, renforcer l’offre hôtelière et créer un circuit reliant Aného aux sites culturels et naturels du Bénin voisin, a appris Togo First. En parallèle, le programme prévoit un développement du tourisme balnéaire et la mise en place d’initiatives écologiques pour préserver la biodiversité locale.
Atakpamé : un pôle agricole et industriel en mutation
Située à un carrefour stratégique entre le nord et le sud du pays, Atakpamé ambitionne de devenir un centre régional de transformation agroalimentaire. La ville bénéficie de terres fertiles propices à la culture de l’igname, des légumes et des fruits tropicaux, ainsi que d’une tradition dans l’élevage et la pisciculture. L’objectif est d’attirer des industries capables de transformer localement ces productions pour limiter la dépendance aux importations et créer de la valeur ajoutée. La stratégie prévoit également que les campagnes marketing aboutissent à des investissements dans les infrastructures routières et énergétiques pour soutenir l’installation de nouvelles entreprises. Avec un positionnement renforcé sur le tourisme de nature et l’artisanat, Atakpamé veut également mettre en avant ses atouts culturels pour séduire les visiteurs.
Blitta : le pari d’une zone économique spéciale
Blitta, située au centre du pays, constitue un maillon clé dans la stratégie de développement du Togo. Avec une vaste superficie et un faible niveau d’urbanisation, la ville possède un potentiel agricole sous-exploité, notamment dans les cultures de rente et l’élevage. L’installation d’une zone économique spéciale (ZES) est prévue afin de stimuler l’investissement industriel et faciliter la transformation locale des produits agricoles.
Le programme prévoit également la modernisation des infrastructures de transport et la mise en place d’un réseau logistique adapté pour faire de Blitta, un centre de distribution agro-industriel. De quoi nécessiter un accent particulier sur la formation de la main-d’œuvre locale et l’amélioration de l’accès aux services de base, notamment l’électricité et l’eau potable.
Un plan d’investissement à la hauteur des ambitions
Pour concrétiser ces ambitions, le gouvernement a prévu un budget exclusivement dédié aux actions de promotion et de branding territorial, auquel s’ajoutent des investissements plus conséquents destinés aux infrastructures et aux ZES, financés en partie par des partenariats public-privé (PPP) et le soutien de bailleurs internationaux.
Dans les cinq villes ciblées, des forums d’investissement seront organisés pour mettre en relation les collectivités locales avec des investisseurs nationaux et étrangers. L’accent sera mis sur la digitalisation, avec des campagnes de communication à travers les réseaux sociaux, la création de contenus multimédias, la mise en ligne de plateformes dédiées à chaque ville, et des événements culturels et festivals, selon les plans du ministère.
Avec cet ambitieux projet, le gouvernement togolais espère amorcer un rééquilibrage du développement économique du pays, en s’appuyant sur la valorisation des potentialités régionales.
Fiacre E. Kakpo