Togo : Pourquoi le gouvernement togolais crée sa propre société publique de valorisation de manganèse

Mines
jeudi, 06 avril 2023 12:54
Togo : Pourquoi le gouvernement togolais crée sa propre société publique de valorisation de manganèse

(Togo First) - Le gouvernement togolais a annoncé, le mercredi 5 avril 2023, la création de la Société Togolaise de Manganèse (STM), une entité d'État qui sera chargée de valoriser le manganèse du pays. 

Avec un sous-sol pourtant riche, le secteur minier togolais s’est longtemps reposé sur les phosphates. Cependant, la découverte d'un important gisement de manganèse dont les réserves totales sont estimées à 8,5 millions de tonnes pour une durée de vie d'environ 15 ans, ouvre de nouvelles perspectives pour le pays. 

Quatrième métal le plus utilisé au monde, le “minérai noir” est prisé, en particulier pour ses propriétés qui améliorent la résistance de l'acier. Son utilisation dans les batteries est également en augmentation, en particulier pour stabiliser les cathodes des batteries utilisées dans les véhicules électriques et l'électronique. Le marché mondial du manganèse devrait croître de plus de 4,19 % entre 2022 et 2027. De plus, plus de 40 % de l'acier produit à l’échelle mondiale est utilisé dans le secteur de la construction, qui devrait connaître une croissance estimée à 12,9 trillions de dollars d'ici 2030, principalement dans des pays tels que l'Inde, la Chine et les États-Unis. Des perspectives robustes que le Togo compte bien saisir. D’ailleurs, le pays a déjà des acquis.

Le 18 octobre 2019, le Conseil des ministres avait adopté un décret accordant le droit d'exploitation à grande échelle du gisement à la Société Générale des Mines (« SGM »), détenue à 85% par le groupe britannique Keras Resources. Toutefois, si les conditions du permis et des accords qui y sont liés étaient censées conduire à la transformation de SGM en une société publique, Keras ne recevra pas l'approbation requise pour obtenir le permis d'exploitation. Le gouvernement togolais ayant, de son côté, décidé de se donner plus de temps sur une ressource qu’il considère comme stratégique et sur laquelle il fonde de grandes ambitions. Une enquête géophysique nationale entreprise par le ministère togolais des Mines et de l'Énergie a été lancée à cet effet, pour mieux évaluer le sous-sol et identifier les ressources minérales disponibles, afin de mieux planifier l'exploitation pour développer le secteur minier. 

Aucune information n'a encore filtré sur les résultats de cette étude. Sur la composition de l'actionnariat de la nouvelle société publique, l’exécutif n’a pas non plus donné de détails.  Mais on sait que dans l'ancien deal “non abouti” avec Keras Resources, protocole d’accord que le groupe minier s’est empressé de diffuser pour rassurer ses investisseurs, le gouvernement avait exigé et reçu 10% supplémentaires de parts, ce qui ramenait les intérêts du Britannique à environ 76,5%.

Doubler la contribution du secteur minier au PIB

Lomé, qui ambitionne de doubler la contribution du secteur minier au PIB d'ici 2025, veut exploiter de manière "optimale" “ses ressources minérales, en commençant par les minéraux critiques, notamment le manganèse”, minéral d'avenir en raison de son utilisation croissante dans les technologies de l'énergie propre, notamment dans les batteries rechargeables pour les véhicules électriques et les systèmes de stockage d'énergie à grande échelle. 

Pour les autorités togolaises, l'objectif en créant la Société Togolaise de Manganèse (STM) est, in fine, de "développer la chaîne de valeur de l'industrie minière pour dynamiser la création d'emplois, l'économie du pays”, en lui permettant de tirer pleinement profit de ces ressources minières. 

Pour rappel, le gisement de manganèse de Nayega est implanté dans la préfecture de Kpendjal Ouest dans la région des Savanes, partie septentrionale du Togo, à environ 30 km de la route nationale N1. Il se compose de quatre permis de recherche, à savoir le permis de Pana, le permis de Tandjoare, le permis de Naki-Est et le permis de Borgou. Le périmètre s’étend sur 29 819 hectares. Le projet qui est la plus grande mine de manganèse du Togo connue, est déjà à un stade avancé, selon les informations de Keras Resources, qui a conduit les étapes d’exploration et d’échantillonnage. “Les résultats des essais de la fonderie de silicomanganèse, menés avec succès à Santander, en Espagne, en juillet 2019, sont disponibles et la capacité de production installée est de 6 500 tonnes par mois,” avait détaillé l’entreprise cotée sur l’AIM, la bourse des PME de Londres.

Fiacre E. Kakpo

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