(Togo First) - Après Sidi Ould Tah (Mauritanie) en octobre 2024 et Abass Tolli (Tchad) en février dernier, c’est au tour de Samuel Munzele Maimbo de se rendre à Lomé dans le cadre de sa campagne pour la présidence de la Banque africaine de développement (BAD). L’économiste zambien, actuellement Vice-président de la Banque mondiale, a été reçu par le président Faure Gnassingbé, jeudi 20 mars.
Objectif : exposer sa vision et obtenir l’appui du Togo, un pays qu’il considère comme un modèle en matière d’intégration régionale.
Lomé, un maillon clé du jeu diplomatique
Dans cette élection hautement stratégique, chaque soutien est important. Pour Samuel Munzele Maimbo, le Togo ne représente pas seulement un vote dans le collège électoral de la BAD, mais un acteur capable de fédérer les consensus africains.
« Le Togo s’en sort mieux que la plupart des économies africaines sur plusieurs fronts. La croissance est restée solide, la dette mieux maîtrisée, l’inflation relativement contenue, et des investissements stratégiques ont été réalisés dans les infrastructures », a-t-il confié à Togo First dans une interview exclusive, après son entretien avec les autorités togolaises.
La visite de Maimbo intervient alors que Lomé est devenu, selon un des membres de l’équipe de campagne du Zambien, un point de passage obligé pour les candidats à la BAD. Grâce à sa diplomatie équilibrée et à son influence croissante, le pays est perçu comme un interlocuteur incontournable, capable de rapprocher différentes positions sur l’échiquier continental.
Le port de Lomé, un modèle d’intégration régionale
Au-delà des enjeux électoraux, l’économiste zambien voit dans le Togo, un exemple à suivre pour l’intégration économique africaine. Il a notamment mis en avant le rôle stratégique du port de Lomé, qui dépasse largement les frontières nationales.
« L’un des grands atouts du pays, c’est le port de Lomé. Ce n’est pas seulement une infrastructure clé pour le Togo, c’est un pivot économique majeur pour toute la région », a-t-il souligné.
Selon lui, cette plateforme logistique illustre l’importance des infrastructures dans la construction d’un marché africain unifié.
« Le commerce est la clé de la croissance africaine. On ne construit pas un marché continental en multipliant les conférences et les discours. On le construit en développant des routes, des pipelines, des ports et des corridors commerciaux. C’est ce que le Togo a compris : investir dans des infrastructures non seulement pour son propre développement, mais aussi pour la prospérité de toute la région », a-t-il insisté.
Une bataille serrée pour la présidence de la BAD
Soutenu par la SADC et le COMESA, Samuel Munzele Maimbo fait face à des concurrents de poids. Le Sénégalais Amadou Hott, le Tchadien Abass Tolli, ancien gouverneur de la BEAC, et Sidi Ould Tah, patron de la BADEA, ou l’ancienne Vice-présidente principale de la BAD, Tshabalala ont eux aussi entrepris une offensive diplomatique pour rallier un maximum de soutiens, dans une élection où 40% des votes appartient à des pays non africains et 60% aux Africains. Le Nigeria en tête.
Avec cette visite, Maimbo cherche à convaincre de ce que sa candidature est celle du pragmatisme et de l’action. « Si je suis élu président de la BAD, je veux accompagner ce type d’initiatives à travers tout le continent. L’intégration africaine passe par des projets concrets, structurants et durables. Le Togo est un exemple de ce qui fonctionne, et il faut s’appuyer sur ces succès pour accélérer le développement du continent », a-t-il conclu.
Alors que le scrutin approche (29 mai 2025), Lomé continue d’être au centre des tractations diplomatiques. Reste à savoir vers qui se tournera la diplomatie togolaise dans cette élection clé pour l’avenir du financement du développement en Afrique.
Fiacre E. KAKPO