(Togo First) - Si au départ sa carrière semblait l’emmener loin d’une filière agricole (financier de formation, avec 20 ans d’expérience dans ce secteur), Daniel Komlan, issu d’une famille d’agriculteurs, a cependant gardé l’amour pour la terre. Un amour qui, finalement, en 2011, le tournera vers le Soja.
Aujourd’hui, ce togolais dans la quarantaine, est le promoteur d’Agrokom, une société située à Vakpossito (banlieue ouest de Lomé), spécialisée dans la trituration de la graine de Soja, pour la production de tourteaux et d’huile.
A l’origine, l’idée était de trouver une source de protéines fiables pour les bêtes.
« Cela m’a conduit à m’intéresser au soja et par la suite à la transformation de la graine. Ce métier, je l’ai appris non seulement de mes parents, mais aussi de mes amis. », Confie l’ex financier, désormais patron de société agricole.
Tout est parti d’un ami, en particulier, qui apportera au Togo, une petite machine capable de transformer le soja graine en tourteaux et en huile. Daniel sera alors chargé de la commercialisation du produit fini.
« De fil en aiguille, d’année en année je me suis fait la main, ce qui m’a permis en 2011 d’acheter une première puis une seconde machine. ».
Voilà Agrokom lancé.
A ces débuts pourtant, la production peinait tout de même à décoller, culminant à peine à 30 tonnes de soja transformé en tourteaux et en huile par mois, pour un chiffre d’affaires entre 40 et 60 millions de FCFA.
Un régime qui, bien qu’insuffisant aux yeux du producteur et de ses ambitions, lui permettra quand même de se « faire la main », et de connaitre en profondeur le métier et ses challenges.
2017, rencontre avec le PAEIJ-SP
L’aventure d’Agrokom, qui ronge son frein en attendant d’atteindre sa vitesse de croisière, va prendre un tournant majeur en 2017, quand son chemin va croiser celui du PAEIJ-SP (Projet d’appui à l’employabilité des jeunes dans les secteurs porteurs, lancé en 2016).
300 millions FCFA pour booster la production
Le Projet va surtout permettre à la jeune entreprise d’accéder au crédit et à l’appui des banques, frileuses en général à investir dans le secteur agricole.
A titre d’illustration, « le PAEIJ-SP, par l’intermédiaire de circuits financiers mis en place avec ORABANK, nous a permis de lever pour la campagne en cours, 300 millions FCFA pour nous acheter des graines, faire la transformation à l’usine et envoyer les produits à l’export. »
Depuis, « nous sommes passés à l’échelle, aujourd’hui nous avons légèrement basculé. Nous sommes toujours dans la production de tourteaux et des huiles, mais nous sommes pleinement rentrés dans l’agriculture biologique.»
D’entreprise à Cluster
Le Projet permettra également à Agrokom de se mettre en réseau, et de passer à la structuration d’un Cluster, composé avec 3 autres entreprises basées dans les villes de Kara, Adjengré (région centrale), Atakpamé. (Dont, l’Etablissement « Aide-toi, le Ciel t’aidera » basé à Kara, également appuyé par le PAEIJ-SP).
Ces partenaires servent notamment d’agrégateur pour Agrokom.
« Nous avons délégué la fonction de production de graines et de collecte à ces entreprises qui, dans leurs zones respectives (régions de la Kara, Centrale et Plateaux, ndlr) agrègent un certain nombre de producteurs. »
Un réseau de près de 8000 producteurs
C’est en tout 226 jeunes primo entrepreneurs individuels et 3601 primo en groupements que réunit l’entreprise.
De plus, pour la campagne en cours, le cluster agrège plus de 7 700 producteurs, pour une production de graines brutes de plus de 10 000 tonnes.
Dans la foulée, la société est passée de 30 tonnes (à ses débuts) à 600 tonnes de soja transformé par mois. Son régime de transformation s’est considérablement amélioré, avec les nouvelles ressources humaines et industrielles, notamment l’usine de production, équipée d’une machine à extrusion, qui permet « en 8 secondes, de cuire la graine allant de 140 à 160 degrés. Ce qui permet de conserver son efficacité protéique ».
Sa propre marque d’huile de Soja
Sur cette production, on compte 160 tonnes de tourteaux, et de la graine de soja biologique brut vendu en coque, au sein de l’Union Européenne également.
L’huile quant à elle est vendue localement, conditionnée dans des étuis de 1 000 litres. Une petite quantité est également embouteillée dans des bidons de 5l et de 1l. Ils sont vendus au prix final au consommateur à 5 000 et 1 200 francs respectivement. L’huile est vendue sous la marque SOJOR.
Aujourd’hui, la société, qui se taille une place sur le marché du soja bio togolais, jouit d’un carnet d’adresses de plus en plus garni, comptant entre autres, une commande de 1 000 tonnes de tourteau d’un client français.
Il semble clair, pour ce leader sur le marché du soja bio, que l’aventure ne fait que commencer.
Ayi Renaud Dossavi
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