(Togo First) - C’est à la faveur de la 28ème émission de la radio du Littoral organisée autour du thème : « Sensibilisation des communautés riveraines du Chenal de Gbaga sur les premières activités de curage mécanique et éclairage sur les fake news de mort de deux lamantins », qu’un point a été dressé sur le projet de curage mécanique du chenal de Gbaga ainsi que tous ses contours, notamment les volets environnemental et social. Pour la circonstance, des journalistes, coordonnés par l’Unité de Gestion de WACA ResIP Togo, se sont rendus le 18 décembre 2024, à Agokpamé (Commune Lacs 2), plus exactement sur la base-vie de l’entreprise chargée de la réalisation des travaux.
D’entrée, il est à retenir, selon Eusebio Cesar, Ingénieur Génie civil sénior WACA ResIP Togo, que les travaux de curage mécanique ne concernent pas tout le chenal qui est long de 30 km, s’étend de part et d’autre du Togo et du Bénin et comporte une largeur variant de 50 m à 200 m environ. Mais uniquement la bande centrale de ce cours d’eau, sur une longueur de 10 m et sur une profondeur de bout de 45 cm. Le but de la manœuvre : disposer d’un tirant d’eau de 70 cm pour permettre à la navigation de reprendre d’Agbanakin au Bénin jusqu’au pont Zebé à Aného.
Les opérations de dragage prévues sur les 30 km du chenal, permettront d’extraire 55 000 m3 de sable à mettre à disposition des communes.
Avant, le chenal de Gbaga permettait de voyager depuis Bas-Mono (Afagnan) jusqu’au Mono du côté du Bénin, indique l’ingénieur sénior.
Dans le cadre des travaux de faucardage, près de 450 000 m2 de végétaux vont être enlevés, transformés en compost et remis aux communes situées de part et d’autre du chenal entre le Togo et le Bénin, pour exploitation.
De toute évidence, la nature des activités projetées ainsi que le site devant accueillir ces activités soulèvent une épineuse problématique environnementale. De fait, « la mise en œuvre du curage mécanique du chenal de Gbaga va certainement bouleverser à la fois les fonctions écologiques traditionnelles des écosystèmes du chenal et occasionner une perte de la biodiversité », admet volontiers Tchao Banla, l’expert en sauvegarde environnementale (ESS) sur le projet WACA ReSIP Togo.
Le lieu héberge des singes, des lamantins, des tortues, des crocodiles, d’autres mammifères, des oiseaux migrateurs, le python et des serpents venimeux comme le naja par exemple ; les abeilles aussi.
Les travaux entraineront, une destruction des habitats, surtout dans la zone de comblement située entre Agbanakin et Djéta ; le bruit des engins ; des perturbations des sites de dortoirs des oiseaux d’eau ; la dégradation de quelques petites portions de mangroves pour le passage des engins, la destruction des habitats de python et de serpents venimeux et la destruction des habitats des abeilles.
Cette préoccupation est toutefois prise en compte par le projet au travers de l’élaboration d’un plan d’action pour la gestion de la biodiversité animale, souligne l’ESS. Ceci, « sur la base des inventaires de la faune et de la flore réalisés lors de l’EIES et de leur relation avec les caractéristiques écologiques des habitats ainsi que des impacts potentiels des travaux de curage à entreprendre ».
Ainsi, ce document « vise la restauration des habitats et de la faune inféodée pendant et après la phase de réalisation des opérations de curage du chenal de Gbaga », informe-t-on. Au travers de diverses actions notamment des sessions de sensibilisation des communautés à la conservation de la biodiversité et surtout des espèces concernées, élaboration et mise en œuvre d’un protocole de suivi des espèces menacées avant, pendant et après les travaux de dragage, de gestion de conflits potentiels entre pêcheurs. Ou encore la sensibilisation des communautés riveraines à la conservation des oiseaux d’eau, l’identification et le suivi des sites alternatifs forêts d’Akissi, d’Avévé.
Très attentif au volet environnemental, le projet de curage du chenal de Gbaga a mis un point d’honneur à la sensibilisation, à la concertation permanente avec les populations riveraines et à l’élaboration d’un plan de réinstallation et à l’indemnisation des personnes potentiellement impactées par le projet. Tout ceci a nécessité une Etude d’Impact Environnemental et Social (EIES) validée par l’Agence Nationale de Gestion de l’Environnement.
Déjà responsable de la mort de deux lamantins ?
Les rumeurs attribuant la mort sur une période brève de deux lamantins au projet de curage mécanique du chenal de Gbaga sont fausses et infondées, récuse Tchao Banla. Même s’il précise que la mort des lamantins peut être consécutive à la maladie, au froid, à la destruction de leur habitat ou à des collisions avec des bateaux, il souligne que la responsabilité de WACA ReSIP ne saurait être envisagée dans le cas de la mort des deux lamantins, car les travaux de curage n’ont pas démarré au moment des faits.
Démarrage du curage annoncé pour ce mois de janvier
Selon l’entreprise attributaire du projet, l’autorisation de démarrage des travaux sur Zebe a été déjà obtenue, permettant un aménagement des sites de stockage et les travaux de reboisement à l’endroit.
De nouveaux sites de stockage ont également été aménagés pour recevoir et traiter les sédiments. Selon le chronogramme, ce mois de janvier 2025 devrait correspondre au démarrage effectif des travaux de curage du chenal, pour un délai total de six mois.
L’avis des communautés riveraines
On note une adhésion des populations au projet de curage mécanique du chenal de gbaga. Représentant celles-ci, le chef du village d’Agokpamé, Togbui Anani Kouevi, s’est exclamé ainsi : « ce qui se passe ici, nous ne l’avons jamais vu à Agokpamé. Nous sommes très ravis de vous accueillir ici ». Le projet bénéficie par ailleurs davantage aux populations, avec la sous-composante « reboisement », qui emploie les populations locales. Toutefois, les travaux de curage proprement dits appellent des compétences spécifiques, indique l’entreprise attributaire du projet qui précise que c’est une main d’œuvre qualifiée qui sera recrutée.
Selon Eusebio Cesar, c’est un taux de satisfaction de 71% que les populations affichent, vis-à-vis des projets mis en œuvre par le WACA ReSIP. Ceux-ci étant menés généralement en concertation permanente et avec l’implication des communautés. L’idée in fine, est d’assurer leur pleine participation et même de privilégier un mécanisme de gestion des plaintes, fait observer l’ingénieur senior.
Il est à noter que WACA ReSIP intervient au Togo sur 5 axes prioritaires : les questions de protection côtière, d’inondation, de pollution, de dégradation des sols et de renforcement des capacités des communautés.
Séna Akoda