(Togo First) - En cinq ans, le secteur bancaire togolais a réduit d’environ 29 % (28,88% plus précisément), son exposition au secteur public. C’est ce qui ressort d’une note-pays du Fonds monétaire international, en marge de la dernière évaluation économique du Togo, dans le cadre de la facilité élargie de crédit (FEC). Ainsi, selon le document, en janvier 2024, le montant total des créances des banques togolaises, vis-à-vis de l'État et des entreprises publiques (et donc le risque potentiel en cas de défaut de paiement), représentait 22,9 % des actifs totaux du secteur bancaire togolais, en baisse par rapport à 32,2 % en 2019.
Bien que ce chiffre soit encore au-dessus des moyennes de l'Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) et de l'Afrique subsaharienne, il révèle une tendance vers une réduction progressive des obligations envers le gouvernement, indiquent les experts de l’institution de Bretton Woods.
« Cette baisse est principalement due à une réduction de la part des titres d'État et des prêts aux entreprises publiques dans le total des actifs du secteur bancaire », indique-t-on. D’ailleurs, cette baisse s'accompagne d'une diminution du ratio des créances publiques sur le secteur privé (la proportion des créances détenues par les institutions financières à l'égard du secteur public, par rapport aux créances sur le secteur privé). Cet indicateur, qui exprime la dépendance des banques commerciales à la dette publique par rapport à la dette contractée par le secteur privé, est passé de 59,3 % à 47,8 % au cours de la même période.
Vers des crédits souverains “extra-nationaux”
Ceci étant, il faut noter que dans le même temps, les banques togolaises se sont tournées vers le financement d'autres États de l'UEMOA. “L'exposition des banques passerait à 38 % du total des actifs et le ratio des créances sur les secteurs public et privé à 79,3 % à la fin de 2023 si l'on considère l'exposition aux autres pays de l'UEMOA,” précise-t-on. Cette stratégie semble indiquer, dans l’ensemble, que les acteurs bancaires togolais préfèrent de plus en plus les emprunts souverains (d’État), qui seraient jugés moins risqués comparés aux emprunts pour le secteur privé. Une position qui pourrait menacer à terme la croissance du crédit au secteur privé, en particulier dans des secteurs sous-financés, comme l'agriculture.
Ayi Renaud Dossavi