« Le Haut Conseil Interétatique propose aux Chefs d’État la dissolution de la Communauté Électrique du Bénin (CEB). Les présidents du Haut Conseil Interétatique de la CEB sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’application de la présente décision qui prend effet à compter de la date de sa signature ».
C’est cette double décision prise lors de la 105ème session de la CEB tenue en fin de semaine écoulée et consultée par Togo First qui annonce la dissolution programmée de la CEB, institution qui matérialise la coopération entre le Togo et le Bénin dans le domaine énergétique. Elle a été signée par Mila Aziable, ministre déléguée en charge des Mines et de l’Energie au Togo et par son homologue béninois, Dona Jean-Claude Houssou.
Des cumuls d’impayés
La CEB qui aura marqué pendant plus de 50 ans l’univers énergétique des deux voisins d’Afrique de l’ouest finira (et le processus initié semble irréversible), par payer l’addition de plusieurs mois de diverses difficultés notamment d’ordre économique, marquées entre autres, par l’accumulation des impayés de factures au Nigeria, l’un de ses pourvoyeurs en énergie. Estimant que la fourniture d’énergie « n’est pas de la charité », le pays de Muhammadu Buhari avait d’ailleurs menacé à plusieurs reprises de cesser de fournir en énergie le Togo, le Bénin et le Niger, s’ils ne soldaient pas leurs impayés estimés à 16 millions $.
Une ardoise dont le Togo était le seul pays, jusqu’en 2020, à avoir effacé une partie. Notamment avec un paiement de 1,51 milliard de nairas (2,16 milliards F CFA) de frais d'électricité, à son fournisseur nigérian, selon un rapport de la Nigerian Electricity Regulatory Commission (NERC), couvrant le deuxième trimestre 2020, publié récemment à Abuja.
En définitive, c’est aux deux Chefs d’Etat Faure Gnassingbé et Patrice Talon ou à son éventuel successeur, qu’il appartiendra d’avaliser et de sceller les actes de leurs représentants au sein du Conseil Interétatique et qui annoncent une fin programmée de l’institution commune, chargée de produire et transporter de l’énergie dans les deux pays. Un dénouement qui, selon certains experts, ne devrait pas faire l’effet d’une bombe, au regard de certains faits importants qui ont récemment marqué la vie de cette structure.
Une évolution prévisible
Avant ce développement, à partir du 1er janvier 2019, chacun des deux États assurait directement, l’importation de ses besoins en énergie. Jusque-là, la CEB (Communauté électrique du Bénin), la structure commune aux deux pays, chargée d’assurer « le service public de production et de transport de l’énergie électrique », était l'acheteur unique d’énergie pour les deux pays. Mieux, chacun des deux États s’était engagé à ne conclure aucun accord séparé d'importation d'énergie électrique.
Dans ce contexte de restructuration, l’objet social de la CEB a été modifié, muant la CEB en un « gestionnaire de réseau de transport d’énergie avec pour activité connexe la poursuite de l’exploitation des moyens de production du barrage de Nangbéto et des deux turbines à gaz installées dans les deux pays ».
Elle a été mise sous administration provisoire. « Une direction transitoire sera mise en place à compter du 1er janvier 2019 », avaient annoncé les deux pays.
Séna Akoda