Adaptation climatique : le Togo devrait mobiliser 14 milliards $ à l’horizon 2050 (Banque mondiale)

Gouvernance économique
mardi, 08 avril 2025 08:24
Adaptation climatique : le Togo devrait mobiliser 14 milliards $ à l’horizon 2050 (Banque mondiale)

(Togo First) - Le Togo devrait mobiliser près de 14 milliards $ (environ 8320 milliards FCFA) d’ici à 2050 pour faire face aux effets du changement climatique, selon un récent rapport de la Banque mondiale sur les trajectoires de développement résilient au climat.

 Ce montant représente l’un des plus importants besoins d’investissement rapportés au PIB dans la sous-région, et illustre l’ampleur des défis structurels auxquels est confronté le pays d’Afrique de l’Ouest face au changement climatique.

Un effort économique équivalant à 6,2 % du PIB par an

D’ici à 2035, les besoins en investissements climatiques sont ainsi évalués à 6,2 % du PIB par an, selon l’institution de Bretton Woods. Ceci représente une pression considérable sur les finances publiques togolaises, dans un contexte de rareté des ressources budgétaires et d’impératif de consolidation fiscale.

À l’horizon 2050, ces besoins devraient atteindre près de 14 milliards USD, dont environ 40 % consacrés à l’adaptation (protection des côtes, agriculture, ressources en eau, santé) et 60 % à l’atténuation (énergies renouvelables, efficacité énergétique, mobilité durable).
 Selon la Banque mondiale, l’exposition du Togo aux risques climatiques (notamment les inondations, la sécheresse, l’élévation du niveau de la mer et les vagues de chaleur) menace directement ses perspectives de croissance, la sécurité alimentaire, les infrastructures et la stabilité sociale.
 « Le changement climatique affecte déjà la population togolaise, avec des vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses, des pluies imprévisibles et une érosion côtière croissante qui perturbent les moyens de subsistance et l’activité économique », relève-t-on.

Mobiliser le secteur privé

Face à l’ampleur des besoins, le rapport recommande plusieurs approches. Notamment, une mobilisation urgente de financements publics, mais surtout privés, en s’appuyant sur des mécanismes innovants comme les obligations vertes, les garanties climatiques ou les partenariats public-privé.
 Le secteur privé est ainsi invité à jouer un rôle accru, notamment dans les investissements énergétiques et les solutions d’adaptation agricole.
 Le document souligne aussi l’importance d’une gouvernance renforcée, d’un cadre réglementaire incitatif, et d’une meilleure planification intersectorielle. À défaut d’actions coordonnées, les coûts économiques et sociaux du changement climatique pourraient représenter un frein durable au développement du pays.

Le rôle de l’agriculture

Le secteur agricole qui joue un rôle important dans l’économie du pays, avec une contribution estimée à 40 % du PIB, tout en occupant 70 % des personnes pauvres, est un secteur incontournable.

On suggère notamment de développer des solutions agricoles climato-intelligentes, grâce à des investissements ciblés pour accroître la résilience du secteur, menacé par les stress thermiques, l’érosion et les maladies. Sans action, la production pourrait chuter de 12,3 % d’ici à 25 ans, compromettant la sécurité alimentaire et la stabilité rurale.

Financements innovants pour combler le gap

Pour ce qui est des investissements innovants, le pays pourrait, dans un premier temps, « privilégier des investissements à faible coût et à fort rendement », en s’appuyant fortement sur le secteur privé, tout en renforçant l’efficacité de l’allocation des ressources grâce à des réformes de gouvernance.
 En parallèle, il est recommandé de développer de nouvelles sources de revenus, tout en améliorant progressivement son accès aux instruments de financement climatique.

Ces recommandations trouvent du reste un certain écho, avec les dernières démarches du pays en matière de financement durable.
 Le pays s’est notamment doté, en octobre dernier, d’un Cadre de Financement Durable, pour attirer des investissements alignés sur les ODD. Le document devrait ainsi permettre d’orienter de nouveaux fonds, avec quatorze catégories de dépenses éligibles, dont cinq dédiées aux actions climatiques et environnementales, et neuf concernant des projets sociaux prioritaires, principalement destinés aux populations les plus vulnérables.

En rappel, l’assemblée nationale a récemment adopté une loi sur la lutte contre les changements climatiques. Un cadre juridique et institutionnel pour structurer les politiques d'adaptation et d'atténuation à travers la mobilisation des ressources nécessaires à la mise en œuvre des stratégies climatiques. 

Ayi Renaud Dossavi

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