(Togo First) - Le Togo recule de 26 places dans le dernier classement de la liberté de la presse, publié par l’ONG française Reporters Sans Frontière (RSF). Cette baisse notable intervient dans un contexte global dit de « double polarisation, amplifiée par le chaos informationnel », dans le rapport qui évalue les conditions d’exercice du journalisme dans 180 pays et territoires.
Le pays est ainsi parti d’un score de 70,41 sur 100 et d’un rang de 74è sur 180 en 2021, pour la 100ème place sur 180, avec un score de 57.17. D’une situation « plutôt bonne », le pays se retrouve ainsi d’une année à l’autre, dans la catégorie « situation problématique », dans cette édition du classement mondial, rendue publique à l'occasion de la célébration de la journée de la liberté de la presse.
Si globalement, RSF pointe un contexte de « chaos informationnel », avec la polarisation des médias, « entraînant des fractures à l’intérieur des pays », et une polarisation entre les États sur le plan international, au niveau togolais, le secteur de la presse a connu d'importants défis sur la période, notamment économiques (en lien avec la pandémie) et judiciaires.
Le score de RSF se base sur deux éléments : une analyse qualitative de la situation de chaque pays, mesurée au travers des réponses de spécialistes de la liberté de la presse (journalistes, chercheurs, universitaires, défenseurs des droits humains…) à un questionnaire proposé par RSF en 23 langues, et le nombre d’exactions subies par des professionnels des médias dans l’exercice de leurs fonctions, ainsi que des médias.
Cadre légal & Réseaux sociaux
« S'agissant de la liberté de presse, l'application du nouveau code de la presse et de la communication nous a fait comprendre qu'on a encore du chemin à faire en ce qui concerne le respect des textes qui régissent notre profession », a commenté Fabrice Petchezi, à la tête de l’Observatoire Togolais des Médias (OTM), un organisme qui suit l’évolution du milieu au Togo. Et ce, « surtout en ce qui concerne la nouveauté liée à l'électronique, notamment les réseaux sociaux, où il y a une confusion monstre entre médias classiques qui sont reconnus par le code de la presse et de la communication et les réseaux sociaux qui sont exclus du champ d'application de ce code ».
« Ça a entraîné beaucoup de soucis à des confrères qui ont eu à faire l'expérience de la détention, d'autres ont perdu leur récépissé, et également des suspensions du côté de la HAAC [Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication, NDLR] », relève l’observatoire, dans un contexte où plusieurs journalistes et médias, se sont retrouvés confrontés à la justice. Une situation qui « donne l'impression comme si la liberté de presse au Togo a souffert ». « Elle a souffert par rapport à l'application des textes qui régissent notre profession. Donc, de façon globale, on peut dire que la presse togolaise a fait du bon boulot et est à saluer », a conclu l’observatoire.
Dans la sous-région et en Afrique
Dans la sous-région, le Bénin voisin occupe la 121è place mondiale du classement, le Nigeria la 129è, là où le Ghana et le Sénégal occupent respectivement les 60è et 73è places.
En Afrique, ce sont plutôt les Seychelles (13è mondial avec un score de 83,33), la Namibie (18è mondial, avec un score de 81.84), l'Afrique du Sud (35è mondial, avec un score de 75.56), le Cap-Vert (36è mondial, avec un score de 75.37), et la Côte d'Ivoire (37è mondial, avec un score de 74.46) qui sont les mieux classés. Les moins bien notés sont, dans l’ordre décroissant, la Somalie (140è mondial), la Guinée-Équatoriale (141è), le Soudan (151è), Djibouti (164è), et l'Erythrée (179è mondial).
Dans le monde, le Top 3 des pays qui sont les meilleurs élèves en matière de respect de la liberté de la presse, est dominé selon RSF, par le trio scandinave : La Norvège (92.65), le Danemark (90.27), et la Suède (88.84). Au bas du classement, on retrouve l’Iran, l’Érythrée et la Corée du Nord, respectivement 178è, 179è et 180è mondiaux.