(Togo First) - Le Togo devrait continuer à utiliser la Chloroquine dans le traitement des patients contre la Covid-19. L’information a été apportée, hier mercredi 27 mai 2020, lors du point de presse hebdomadaire de la Coordination nationale de Riposte contre la maladie.
La clarification survient dans un contexte où la molécule est au cœur de la polémique, depuis la publication d’une récente étude rétrospective, qui non seulement mettrait en doute son efficacité, dans le traitement contre la Covid-19, mais lui associerait des effets de surmortalité.
L’étude publiée dans The Lancet a même poussé l’OMS à suspendre ses essais cliniques sur la Chloroquine. Pourtant, au Togo, on se veut plus prudent et circonspect, vis-à-vis de ses conclusions : « il y a d'abord un biais de sélection et un biais d’interprétation », retient le Col Djibril Mohaman, de la Coordination.
Des patients plus atteints, une molécule ajoutée plus tardivement
Ainsi, relève-t-il notamment, en comparant les patients qui ont survécu et ceux qui n’ont pas survécu, « on constate que la surmortalité a été attribuée dans l'autre groupe à la chloroquine seulement, alors qu'il y a d'autres facteurs ». Dont l’âge avancé, et des facteurs de comorbidité comme l’obésité élevée, des antécédents de maladies cardiaques élevés, le diabète. Ou encore, plus de sujets qui ont eu besoin d'oxygène, dans un groupe par rapport à l'autre (20%, d'un côté contre 7% dans l’autre). Un ensemble de facteurs associés à une mortalité plus élevée, tel que l’indiqueraient des études.
C’est pourquoi estime-t-on que « ce serait paradoxal d'attribuer le décès de ces patients à la Chloroquine seulement » (d’autant que la molécule serait considérée comme plus pertinente « très tôt », aux débuts de la maladie.)
« Nous n'avons rien à perdre en utilisant la Chloroquine »
À cause de ces facteurs, et d'une conclusion qui serait relativement « biaisée », le Togo va continuer à faire usage de la Chloroquine dans son traitement pour la Covid-19, en l’attente de nouveaux développements. Ceci d’autant que la molécule est bien connue des praticiens. « Ce n'est pas maintenant que nous prenons la Chloroquine, et nous en connaissons les effets secondaires ».
Ainsi, en attendant, « nous n'avons rien à perdre en utilisant la Chloroquine », donc « Pour l'instant, nous continuons [à l'utiliser] chez nous », conclut-on.
Rappelons qu’à ce jour, le Togo décompte 395 cas confirmés de Covid-19, dont 183 cas guéris, et 13 décès.
Ayi Renaud Dossavi
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