Ife Oyedele, co-fondateur de Kobo360: « Pour tout ce dynamisme, c’est très excitant de faire des affaires au Togo »

TIC
vendredi, 22 mars 2019 19:08
Ife Oyedele, co-fondateur de Kobo360: « Pour tout ce dynamisme, c’est très excitant de faire des affaires au Togo »

(Togo First) - Jeudi 14 mars 2019, Hotel Sarakawa : Kobo360, la plateforme nigériane spécialisée dans la logistique et le transport, lance officiellement ses activités au Togo. Près de 15 mois après sa création et deux impressionnantes levées de fonds, dont une auprès de l’Africa Finance Corporation évaluée à 6 millions $, le Uber pour camions nigérian a décidé de fondre sur le Togo, marché à fort potentiel commercial et logistique. Ses clients, parmi lesquels Dangote, Lafarge, Olam, DHL ou UPS, sont estimés à plus de 1500 aujourd’hui, et Kobo a également dans son viseur le Ghana et le Kenya. Pourquoi le Togo ? quelles sont les activités de la startup, ses perspectives ? Togo First a voulu en savoir plus. Rencontre avec l’un de ses fondateurs, Ife Oyedele .

TF : Kobo360, comment ça marche ?

I.O. : Kobo360 est une plateforme de logistique qui se sert de la technologie pour apporter de l’efficacité dans l'industrie du transport en Afrique. A travers notre système et notre plateforme en ligne, nous mettons en contact les propriétaires de camions et leurs clients, les propriétaires de cargaison qui ont besoin de déplacer leurs marchandises à travers le continent africain.

TF : Sous quel modèle économique tourne la startup ?

I.O : Sur notre application mobile, les clients peuvent introduire des requêtes et les propriétaires de camions, qui ont des véhicules disponibles, peuvent accepter ces requêtes. Il y a plusieurs paramétrages qui se font en  back-office. La mise en relation s’effectue en fonction de la destination, du type et de la localisation du camion, ainsi que plusieurs autres paramètres qui entrent en ligne de compte. Une fois que le système fait correspondre la demande avec le conducteur adéquat, le chauffeur accepte la requête. Il se rend alors au point de chargement, pour prendre la marchandise et effectuer le transport, et enfin la livraison.

En ce qui concerne le système de paiement, il est très simple. Une fois que le propriétaire du camion accepte la requête, et que le conducteur se rend au point de chargement ; dès qu'il a fini de charger, il reçoit immédiatement 50% des frais d’expédition. A la livraison, (système de confirmation de livraison), le conducteur et le propriétaire du camion reçoivent le reste de leur argent.

Le paiement se fait essentiellement via mobile money, mais aussi virement bancaire. Nous avons à cet effet un système de portefeuille électronique où les conducteurs qui possèdent un compte bancaire reçoivent directement l’argent, déposé sur leur compte.

TF : ... et quid de votre rémunération ?

I.O : Pour nos services, nous déduisons une commission, allant de 3 à 5 %, sur les transactions entre le client et le propriétaire de camion.

T.F. : Pourquoi le Togo ?

I.O. : Le Togo est un hub, pour tous les autres pays d’Afrique de l’Ouest. Comme vous le savez sûrement, le Port de Lomé a surpassé celui de Lagos en termes de trafic de containers. Et de votre Port, ces containers partent pour les pays de l’hinterland : comme le Mali, le Burkina, le Niger, voire la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Bénin, le Gabon et bien d’autres destinations. Pour tout ce dynamisme, c’est très excitant de faire des affaires au Togo, et nous sommes contents et enthousiastes d’être là.

T.F. : Quelle sera votre stratégie pour conquérir le marché ?

I.O. : Disons que nous avons un agenda qui est déjà en marche. Avec ce lancement, nous nous concentrons sur une stratégie de mise à l’échelle active, pour conquérir le marché : venir en appui aux clients, aux propriétaires de camions et aux transitaires, de sorte qu’ils passent par nos services pour leurs livraisons. Notre but est de créer, à tous les niveaux de la chaîne, un cercle vertueux.

Aussi voulons-nous comprendre le marché togolais, les challenges que rencontrent les opérateurs économiques, et nous mettre immédiatement au travail. D’ailleurs, un des problèmes que nous avons déjà pu identifier, à travers cette rencontre d’aujourd’hui, est celui du contrôle aux frontières, sur lequel nous allons plancher. Nous envisageons dans ce cas des partenariats, notamment avec le ministère des transports, et tous les acteurs impliqués.

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Les deux fondateurs de Kobo360.

T.F. : Certains opérateurs pourraient vous voir comme une menace, avec votre système et ce que vous proposez. Que répondez-vous à des acteurs qui verraient ainsi votre arrivée sur le marché ?

I.O. : Nous aimerions discuter avec ceux qui pourraient nous considérer ainsi, et leur faire comprendre que nous sommes ici pour soutenir leurs affaires, pour leur permettre de transporter plus de marchandises. Faire en sorte que chacun connaisse croissance et prospérité.

Il y a toujours cette idée que la technologie menace les affaires, mais c’est aussi à cause d’une compréhension limitée de la chose, c’est pourquoi nous aimerions beaucoup interagir et avoir d’excellentes relations avec les acteurs de l’écosystème. Qu’ils puisent comprendre les problèmes que nous essayons de résoudre, se rendre compte qu’ils peuvent jouer leur partition dans cette démarche, et  en tirer profit.

T.F. : Vous avez démarré vos activités il y a de cela un peu plus d’un an, et vous semblez avoir un important succès jusqu’alors. Quels avantages pensez-vous que les opérateurs économiques togolais, ou de la sous-région basés au Togo, pourraient tirer d’une collaboration avec Kobo360 ?

I.O. : Je pense que la logistique est un enjeu majeur dans le monde, tout particulièrement en Afrique. C’est pourquoi, optimiser ce segment au Togo aurait un impact très positif sur l’économie. Le gouvernement prend déjà beaucoup d’initiatives dans ce cadre. Par exemple, l'importation de nouveaux camions est exempte de droits de douane. C’est dire qu’il y a des choses passionnantes que le gouvernement fait pour soutenir la logistique. Nous essayons donc vraiment de comprendre le Togo, d'accroître cette efficacité dans l'ensemble de l'écosystème.

T.F. : À ce propos, avez-vous déjà des partenariats ici, opérateurs économiques, sociétés  de camionnage, ou autres?

I.O. : Oui, comme vous l'avez peut-être déjà vu, nous avons plusieurs partenaires au Togo. Nous travaillons notamment avec le ministère, plusieurs transitaires, et la société MSC. Plusieurs rencontres ont également eu lieu ces derniers mois avec divers opérateurs économiques et entreprises du secteur.

T.F. : Parlons des aspects pratiques de vos services. Par exemple, lorsqu'il y a un problème, il se peut que les marchandises soient volées et ainsi de suite ; comment intervenez-vous, comment gérez-vous ce cas de figure ?

I.O. : Kobo360 est toujours sur le terrain, via notre staff et nos coordinateurs d’opérations. Dès que nos systèmes reçoivent la notification d’un problème, notre équipe réagit immédiatement pour le résoudre. Nous travaillons 24 heures sur 24, grâce une équipe qui connaît très bien le secteur de la logistique, et n’a pas besoin d’une intervention du top management pour savoir quoi faire.  Notre approche est de résoudre immédiatement les problèmes quand ils surviennent.

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T.F. : Votre modèle est basé sur le même principe qu’Uber, le leader mondial des VTC. Nous remarquons que si Uber a eu un important succès à ses débuts, la société est à présent confrontée à de nombreuses complications, et ce, dans plusieurs pays. Ne craignez-vous pas que la même chose arrive à Kobo360 ? Quelles actions menez-vous pour éviter ces écueils ?

I.O. : Je pense que si vous exploitez une entreprise et que vous ne rencontrez pas de challenges, alors vous ne résolvez vraiment aucun problème. Si Kobo360 se lance sur ce secteur, c’est parce que le connaissons et que nous le comprenons.

Par ailleurs, mon co-fondateur (Obi Ozor ndlr) a une bonne expérience avec Uber. Nous connaissons bien les problèmes auxquels ils sont confrontés. C’est pourquoi nous travaillons à les maîtriser, mais également comprendre le marché local, de sorte à être plus efficaces et résoudre ces problèmes avant même que ceux-ci ne prennent de l’ampleur.

Propos recueillis par Ayi Renaud Dossavi

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