(Togo First) - Alors que l’économie togolaise sort peu à peu la tête de l’eau, le gouvernement a réussi à faire passer un nouveau budget record pour 2022, en hausse de 5,5% à 1779 milliards FCFA, comparé au collectif budgétaire de 2021.
Adopté dans la nuit du 28 décembre dernier après de longs débats parlementaires, Lomé doit faire face à son exécution. Recettes domestiques, nouvelles mesures fiscales, dons, recours au marché financier régional, le gouvernement de Victoire Tomégah-Dogbé veut mettre toutes les chances de son côté alors que les discussions sont toujours en cours avec le Fonds monétaire international (FMI) pour parvenir à un nouveau programme triennal. De quoi consolider la confiance (presque) retrouvée auprès des investisseurs internationaux.
Recettes domestiques : ratisser large
Pour financer les 104 programmes inscrits au budget 2022, l’exécutif togolais compte d’abord sur ses propres forces, tablant sur un raffermissement de la croissance, après que celle-ci s’est émoussée en 2020 en raison de la crise sanitaire. Si l'économie togolaise connaît une reprise depuis 2021, la hausse généralisée des prix attribuée à la Covid-19 est une autre paire de manches, même si Lomé rassérène.
“La trajectoire de croissance projette le taux de croissance réel en 2022 à 6,1% avec pour ambition d’atteindre une croissance réelle de près de 7% d’ici à 2025, et avec un taux d’inflation maîtrisé sous le seuil de 3% sur toute la période”, a souligné Sani Yaya, ministre de l’économie et des finances devant les députés.
Dans cette perspective, les autorités s’attendent à une hausse des recettes fiscales à 814 milliards FCFA, contre près de 780 milliards FCFA collectés par l’OTR en 2021 où l’économie togolaise avait progressé de 5,3%. 420 milliards FCFA devraient provenir du commissariat des impôts et 397 milliards FCFA du commissariat des douanes et des droits indirects pour financer les dépenses budgétaires. De 1 219,3 milliards FCFA en 2021, elles sont prévues à 1 330 milliards FCFA pour 2022, en progression de 9,1%.
Selon le patron des finances, ces projections devraient être portées par un ensemble de nouvelles orientations fiscales. Si elles annoncent des mesures d’allègement de la charge fiscale des contribuables, les autorités entendent désormais ratisser large, grâce à “l’élargissement de l’assiette fiscale, au renforcement des mesures de contrôle et de lutte contre la fraude et l’évasion fiscale, et à la simplification des procédures fiscales”.
Mais les seules recettes intérieures ne suffiront pas à maintenir le train de vie de l’Etat, soutenir les dépenses d’investissement et payer le service de la dette.
Mobiliser 533 milliards FCFA sur Umoa-titres
Très actif sur le marché financier régional, le gouvernement togolais prévoit d’accentuer sa présence en 2022, d’autant que le pays prévoit de recourir à Umoa-titres pour lever 533 milliards FCFA.
Si ce marché particulièrement à flot est propice aux pays émetteurs, il pourrait y émerger d’importants instruments de dette de plus long terme cette année, dans la dynamique de la fin d’année 2021. Et à l’instar des autres pays de l’union, le Togo flaire les opportunités sur ce marché où le Trésor public avait opéré 20 incursions pour lever un total de 557 milliards FCFA l’an dernier, dont un test grandeur nature d’un premier emprunt obligataire de maturité 15 ans.
Outre le marché des titres publics, d’autres emprunts, à hauteur de 145 milliards FCFA, sont prévus pour financer une partie des projets d’investissements.
La privatisation de la BTCI
La cession de 90% de la BTCI, définitivement actée en novembre dernier, devrait également apporter une bouffée d’oxygène au gouvernement qui s’attend à encaisser, au cours de l’année, un chèque de 6,4 milliards FCFA d’IB Holding de l’homme d’affaires burkinabé Mahamadou Bonkoungou sur l’opération.
Mobiliser près de 200 milliards FCFA de dons
105 milliards FCFA en 2018, 122,4 milliards en 2019, 189 milliards FCFA en 2020. Si les dons reçus par le Togo sont en constante augmentation depuis au moins quatre ans, convaincre les donateurs de sortir encore le chéquier cette année est un autre cheval de bataille. Pour couvrir son budget prévisionnel, la bagatelle de 200 milliards FCFA doit être mobilisée et affectée sous forme de dons-projets et de dons-programmes, prévoit la loi de finances.
Améliorer le déficit budgétaire
Dans ces conditions, le déficit budgétaire devrait s’améliorer pour descendre à 5,1% du PIB, soit environ 259 milliards FCFA, entièrement financés par les emprunts. “Ce déficit est en nette amélioration par rapport à 2021 où il s’établissait à 6,5% du PIB traduisant l’effort du Gouvernement pour une meilleure maîtrise des finances publiques nonobstant la crise sanitaire”, a rassuré le ministre togolais.
Fiacre E. Kakpo